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Mille que les philosophes appellent la Raison. Toules les idées nécessaires sont soumises aux mêmes lois, aux mêmes rapports : la notion de l'infini, la notion de l'absolu ne sont pas moins nécessaires que la notion de la Religion. Celle-ci porte avec elle et en elle tous les caractères qui constituent la nécessité, l'immutabilité, en un mot l'universalité. — Mais quelle est cette notion ? ou mieux qu'entendons nous par Religion ? — Le bien nous est révélé par la Raison : or la Religion n'est, selon riant, rien autre que la pratique de la notion du Bien, que la réalisation objective de la Loi morale dans l'ordre des faits extérieurs. C'est la conformité strielc, invariable de l'idéal de la moralité avec les déterminations, c'est donc la Loi morale mise en pra- tique. Ainsi il y a de la Religion à faire le Bien, non par égard pour la léga- lité, mais pour le bien lui-même; il y a de la Religion à faire le devoir pour le devoir. Mais, nous dira-l-on, qu'entendez-vous par la Loi morale? C'est, répcndrons-iioiis, selon Kaut, « un idéal que chaque 'homme porte au dedans de lui, un type de ce qu'il doit l'aire pour demeurer ou re- devenir juste et saint ( i ) . » L'être libre et intelligent, c'est-à -dire l'être qui a une volonté et une intelligence, ne possède-t-il pas nécessairement quel- que chose qui règle ses manières d'être relativement à sa puissance de vouloir, ou degré de développement de son entendement? i$e possède-t-il pas quelque chose suivant quoi il modèle ses déterminations ? Evidemment, et ce quelque chose esl une notion universelle; tous les hommes la possèdent, tous ont la raison, la loi morale, qu'ils doivent réaliser c'est-à -dire expri- mer dans l'ordre des faits sociaux. Mais comment l'homme pourra-t-il réaliser cette loi? Il la réalisera par une volonté forte, persévérante, en tout cas soumise aux prescriptions de fa raison. L'accomplissement de cette loi pour la loi seule, voilà la religion ; accomplissez-la et vous serez religieux, vous serez vertueux. L'Abrégé est, outre la Préface,, divisé en six parties ; les deux premières parties « l'homme et méchant par nature, il y a en lui un principe de méchanceté » et « il y a dans l'homme un bon principe qui combat contre le mauvais pour dominer en lui » sont fort importantes. Jean-Jacques Rous- seau a dit : l'homme est naturellement bon, c'est la société qui ie déprave; Kaut soutient au contraire que l'homme est né méchant par nature. Quand on suit attentivement la série de raisonnements et de preuves que ces deux philosophes établissent à l'appui de leurs assertions on est tenté de les ap- prouver tous les deux. Mais nous, nous penchons pour l'avis de Kant, il serait trop long de dire pourquoi. Le mauvais principe qui, selon Kant, est dans l'homme, réside effectivement dans lui (a). Mais ce philosophe ajoute que ee principe est sans cesse combattu, contrebalancé par un autre p r m e p e , essentiellement contraire, et lui contestant sans relâche le droit de résidence. Le bon principe et le mauvais principe sont comme deux forces inégales dont la plus faible succombe presque toujours, mais non sans profiler parfois de la lassitude et de l'épuisement de l'autre. Il y a du reste tant de considérations accessoires que l'on ne saurait au juste assigner aucune prééminence, et le mauvais principe possède dans le monde un royaume bien vaste et bien peuplé. Mais comment empêcher le mau- vais principe de dominer sur l'autre ? Nous sommes tentés de répondre que l'éducation sise à l'abri de tout accident, de toute influence contraire par- viendrait à cette fin. Kant résoud ce problème de la même manière ; seu- lement sa solution est plus générale, elle s'étend à l'humanité entière. Ce f i ) Préface, p. 10. { 2) Voir aussi la Gusk.SE, ehaji. Vllt, veisct a i . Consulter 'c texte hébreu.