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seignent, il est vrai, qu'il y a dans la nature un point de
progression dont elle ne peut s'écarter sans se détruire
elle-même. Si elle est trop lente, elle dégénère ; si elle va
trop vite, elle se précipite ; la dépopulation touche à l'une
et à l'autre de ces deux extrémités.
Pythagore s'éleva aussi contre l'insouciance brutale de
la plupart des hommes pour l'Å“uvre la plus importante de
l'humanité, la production de leurs semblables. Il observait f,
avec raison, que pour les chiens et les autres animaux, on
s'informait exactement de l'endroit et du temps où ils
étaient nés, du père et de la mère qui les avait produits, et
de la race d'où ils venaient; au lieu que, pour la propaga-
tion de l'espèce humaine, on suivait aveuglément la pas-
sion du moment, donnant la vie à un homme avec autant
d'insouciance, qu'on en mettra dans la suite à son éducation.
En conséquence, il recommandait de se préparer avec le
plus grand soin à la génération des enfants. Il défendait
pour cela de se charger de nourriture et de s'échauffer
par le vin, parce que l'ivrognerie produisait un mélange
de semence impure et sans harmonie ; d'où résultaient les
principes de la méchanceté et des vices, tant moraux
qu'organiques des hommes qui devaient en être for-
més (i).
Telle fut l'Ecole de Crotone que l'on put justement ap-
peler une Ecole de bonheur.
Le voyageur qui parcourt les côtes orientales de la Ca-
labre ne reporte jamais ses pensées sur l'illustre philoso-
phe qui erra jadis sur ses bords, et dont la haute vertu
attira l'attention et l'admiration des habitants de tout étal,
de tout sexe et de tout âge. Frappés de sa beauté, de la
(r) Meiners, loc. cil. t. II. p. 61,