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461 Il est temps de revenir à Gacon, et de dire un mot de ses ouvrages; en voici le catalogue : 1° Le Poète sans fard ou Discours satiriques, par le sieur G. ; Cologne (c'est-à dire Lyon) 1696, in-12. C'est la première édition; la seconde fut faite à Rouen, sous ce titre : Le poète sans fard, contenant satires, épîtres et épigrammes sur toutes sortes de sujets ; à Libreville, chez Paul, disant vrai, à l'ensei- gne du miroir qui ne flatte point; 1698, in-12. L'auleur fit quelques changements dans cette édition. — Item, sous le pre- mier titre, Bruxelles, 1701, in-12. Ce volume présente un si grand nombre de traits satiriques contre des personnes qui ont mérité, avec justice, l'estime universelle, entre autres contre Bossuet, dont l'auteur attaque les maximes sur la co- médie, que Boucherat, pour lors chancelier, et à qui le recueil fut dénoncé, en fit supprimer les exemplaires, et que Gacon subit lui-même quelques mois de prison. Les Discours satiri- ques, parmi des pièces du plus mauvais goût, présentent un certain nombre de vers heureux, notamment ceux-ci : Un livre, cher lecteur, qui tend à la satire, Est le seul qu'on recherche et qu'on s'empresse à lire ; Mais, comme on n'aime en lui que le style railleur, Rarement on le lit pour devenir meilleur. On a beau s'y voir peint comme dans une glace, Chacun dans son portrait met un autre à sa place ; Et, toujours au prochain appliquant les bons mots, On est aveugle-né sur ses propres défauts. C'est par un pur effet de cette humeur bizarre, Qu'un prodigue aime à voir censurer un avare; Qu'un alliée est charmé, quand on blâme un bigot, Et que souvent un fat rit du portrait d'un sot (1). La satire à Brossetle, contre les partisans, attaque avec assex de verve un vice de l'époque ; Cher Brossette, d'où vient qu'on voit si peu de gens, Qui soient dans leur élat paisibles et contents, etc. (1) Préface, édit. de 1698.