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îu YAnti-Roicsseau, l'un des ouvrages les plus dégoûtants qui
aient été publiés dans le dernier siècle, ou qu'il ait été sin-
gulièrement disposé à l'indulgence envers les ennemis de no-
tre célèbre poète lyrique. On peut juger de la candeur, du
goût et de l'esprit de Gacon par cette slance contre Rous-
seau .-
              11 est marqué d'un mauvais coin ;
              Son poil roux s'aperçoit de loin ;
              Il vous montre une bouche torse;
              Avec l'honneur il fait divorce,
              Et l'estime moins que du foin.
   « Quelques grossiers que soient ces vers, ce sont encore les
seuls deVAnti-Roussean que la décence nous ait permis de ci-
ter. Dans le reste du livre, on ne trouve que des injures et
des accusations odieuses. Nous devons, le dire cependant, tous
les autres ouvrages de Gacon ne sont pas aussi méprisa-
bles. (1) » Nous avons montré, en effet, que les Discours sa-
tiriques ne sont pas sans quelque valeur littéraire.
   Il y eut pendant longtemps une guerre d'épigrammes entre
les poètes Pradon et Gacon. L'on n'a rien vu de plus ordurier
que les grosses injures dont ils s'accablèrent, et le public ne
dut pas être médiocrement satisfait de voir que ces dignes ad-
versaires se rendaient justice, en se traînant alternativement
dans la boue.
   Enfin, rebuté de tous ses combats poétiques, et se trou-
vant, par hasard, dans le beau prieuré de Bâillon, au diocèse
deBeauvais, puis se ressouvenant qu'il avait pris la tonsure dans
sa jeunesse, il sollicita la nomination à ce prieuré, et, sur la
démission du titulaire, l'obtint de l'archevêque de Cambray,
qui en était le fondateur. II y entra au mois de février 1723 ;
ce fut là qu'il finit ses jours, après une longue maladie, le 15
novembre 1725; on l'inhuma dans la chapelle du prieuré.
Gacon fut ennemi du faste et peu capable de travailler pour sa


  (1) Biogr. imiv., art. Gacon.