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21G prit du temps, en faisant une place à ces dernières, en contri- buant à les propager, à les répandre. De là , depuis plusieurs années, la part plus considérable qu'elle a faite aux études philologiques elles-mêmes, à l'histoire littéraire, à une phi- losophie plus rationnelle, aux langues vivantes, aux sciences d'observation, enfin aux études historiques. L'enseignement de l'histoire doit, en effet, tenir aujour- d'hui une place plus importante dans le système des études. Déjà , dans les premières années de notre siècle, une femme d'esprit, nous dirions volontiers une femme de génie, avait prédit que le XIXe siècle serait le siècle historique par ex- cellence, comme le XVIIIe avait été celui de la philosophie ; le XVIIe celui du développement littéraire ; le XVIe, le siècle de la Réforme ; le XVe enfin le siècle de la Renaissance. La pré- diction de Mme de Staël s'est complètement réalisée. Jamais, à aucune époque, les documents authentiques n'avaient été ex- plorés avec plus d'ardeur ; les vieux titres exhumés avec plus de patience ; l'esprit de chaque siècle saisi avec plus de pro- fondeur et jugé avec une plus complète impartialité. Loin de nous, assurément, l'idée de prétendre que, avant le XIXe siècle, l'histoire n'ait pas été sérieusement étudiée, éloquem- ment écrite, profondément comprise. Nous admirons, autant que personne, la science et la verve impétueuse de Bossuet, le bon sensdeRollin , la patience des Bénédictins , la sagacité et la hauteur d'idées de Montesquieu. Mais nous ne croyons pas qu'il soit logique de conclure des grands hommes d'un pays ou d'un siècle en faveur du pays ou du siècle lui-même. Une cour élégante, spirituelle, éclairée, peut exister au milieu d'un pays barbare ; voyez la Russie. De même, au milieu de l'ignorance générale, peut surgir un grand écrivain, un sa- vant remarquable. Ce qu'il importe de considérer, c'est beau- coup moins le talent des hommes exceptionnels, que la popu- larilé et l'extension de la science. Si, dans un pays, les masses