Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 227
 s'exposer aux dangers et aux mécomptes des Cresccntius, des
 Arnaldo de Brescia, des Rienzi * c'est encourir, en un mot, le
                                    ,
 juste reproche queMme de Staël leur a adressé, d'avoir pris des
 souvenirs pour des espérances. Le devoir, non seulement de
 tout bon citoyen, mais de tout homme intelligent, est d'ac-
 cepter les principes du temps où il vit; d'essayer, par l'élude
 du passé, par les leçons de l'histoire, d'améliorer le présent,
 avec les résultats de l'expérience. C'est assez dire que tout
 homme qui veut sérieusement comprendre une grande révo-
 lution politique, sociale ou religieuse, doit en aborder l'étude
 sans passion, sans haine comme sans enthousiasme, avec un
 esprit calme, serein, dégagé de toute préoccupation, de tout
 préjugé. Autrement il prendrait de petites circonstances, de
 petits événements pour les causes mômes qu'il recherche. Il
doit être bien convaincu qu'une révolution ne dépend pas de
 la volonté d'un homme ; qu'elle ne date pas du jour où elle
 s'accomplit ; qu'il n'est au pouvoir d'aucun ambitieux, d'au-
cun tyran, d'aucun factieux, de soulever les masses, à moins
qu'elles n'éprouvent le besoin de modifications dans l'état des
choses. Une révolution, un grand changement politique ou
social, ne s'accomplit que de cette manière. Les sociétés éprou-
vent un besoin ardent de réformes : mais elles ne peuvent agir
sans direction, sans guide. L'homme qui paraît accomplir la
révolution n'est donc pas le représentant de ses propres idées,
mais le représentant des besoins de l'époque et des désirs des
masses qui se reconnaissent et s'admirent en lui. Il en a été
ainsi et d'Alexandre, et de César, et de Charlemagne, et de
Luther, et de Napoléon. Les granda hommes ne sont grands
que parce qu'ils représentent ainsi les besoins de leur époque,
et qu'ils ont une intelligence nette et vive de ce qui reste chez
le peuple à l'état d'instinct. Cela est si vrai que le héros, quel-
que grand qu'il puisse être, cesse d'être suivi et soutenu par le
peuple, lorsqu'il substitue ses idées individuelles PUT idées de