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  son ame égarée ambitionnait encore une domination au-delà de
  ee monde sur lequel il domine ! infortuné qui n'a plus d'autre
  avenir, d'autre espérance peut-être que la mort!...
     Pourquoi M. Geoffroy n'a-t-il pas donné une autre direction à
  la vie de son béros, pourquoi ne lui a-t-il pas fait conquérir
 des gloires plus belles et plus nobles que celles de l'asservisse-
  ment du monde .' Ali.' combien Napoléon eût été plus intéressant et
  plus grand, si son histoire apocryphe, commençant au merveilleux
  retour de Plle-d'Elbe, nous l'eût montré, instruit à l'école du mal-
 heur, reconnaissant et proclamant avec une loyale franchise le
 grand principe de la souveraineté de la nation. Combien nous
 aurions aimé voir l'empereur rétablissant les libertés publiques,
 convoquant une représentation vraiment nationale, s'effaçant pour
 laisser la France briller à la première place. Combien nous aurions
 préféré le voir, vainqueur des armées ennemies, dicter les con-
 ditions d'une paix glorieuse qui aurait rendu à la France ses fron-
 tières naturelles, qui aurait abaissé l'orgueil et puni la mauvaise
 foi de l'Angleterre, qui aurait proclamé la liberté des mers, qui
 aurait refoulé Ja Russie dans ses anciennes limites, régénéré la
 Pologne et affranchi l'Italie. Combien nous aurions suivi avec
 intérêt les soins qu'il aurait employés à rendre le commerce et
les industries riches et prospères, à favoriser le développement
 et les progrès des lettres, des sciences et des arts, à diminuer
les impôts, à favoriser les améliorations matérielles et morales^
à organiser et à moraliser le travail, à vulgariser l'instruction, à
répandre et à propager partout le bien-être, l'indépendance, Jes
vertus et le bonheur ! Cette histoire aurait été moins brillante
peut-être que l'ingénieuse fable inventée par M, Geoffroy, mais
la gloire dont elle eût entoure le nom de l'empereur, aurait été plus
belle, plus noble et plus vénérée. Et alors, au lieu do voir Na-
poléon, arrivé au faîte du pouvoir, languir d'ennui et mourir jeune
encore, nous l'aurions vu, heureux du bonheur qu'il aurait produit,
poursuivre une longue carrière et descendre au tombeau accom-
pagné d'unanimes regrets, après avoir vécu entouré de respect
et d'amour.
    Tout en regrettant que M. Geoffroy n'ait pas suivi cette route