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 même incrédule ou indifférent, il le saura bien vite, et méprisera au fond de
 lui-même ou la leçon ou celui qui la donne.
    Les habitudes de la famille sont le vrai livre de morale de l'enfant. Tout en
 lui est image et instinct d'imitation. Il comprend bien mieux un fait qu'une théo-
 rie, un exemple qu'une leçon. C'est par les sens qu'il se fait peu à peu des
 idées, des sentiments, et tout un petit système de vie. Ce qu'il voit faire aux
 autres, il le fait volontiers lui-même, et si grande est cette propension à imiter,
 que vous retrouvez en lui la parole, l'accent, le geste et jusqu'au sourire de
 sa mère. Rien n'est donc indifférent de ce cpii se passe autour de lui ; car son
 sme est'comme une eau limpide où viennent se relléter tous les objets du ri-
 vage, les arbres et les rochers, les épines et les fleurs, les reptiles et les oiseaux.
 Heureux les enfants quand les mœurs de la famille sont réglées selon la sagesse
 chrétienne! Celte charmante union des cœurs, celte décence de langage, cette
 sobriété de goûts et de désirs, ces habitudes de bienfaisance, ces prières en
commun le soir, et la douce piété de la mère, et les vertus courageuses du
 père, toutes ces images religieuses et aimées laissent dans les jeunes cœurs des
 impressions cpie rien ne peut effacer complètement.
    La philosophie antique a dit ce mot plein de sens : On doit à l'enfant un très
 grand respect maxima debetur puero reverentia. Que ne pouvons-nous le faire
 entendre ce mot si religieux et si vrai à tous ceux qui entretiennent au sein de
la famille les goûts dépravés du siècle ! Oui, respect à vos enfants, leur dirions-
nous! Respect à leur innocence, à leur candeur, à leur nature impressionnable
et chaleureuse. Pourquoi craignez-vous si peu de les scandaliser par de mau-
 vais exemples, de les exciter par le goût des plaisirs fastueux, de les pervertir
par l'usage des joies sensuelles? Vos salons étincelauts, vos soirées amollissan-
 tes, votre musique passionnée, vos tables délicates, vos livres romanesques, vos
gravures molles, tout ce luxe énervant et anti-chrétien que vous étalez sans
crainte à leurs regards, tout cela développe sans mesure leur excitabilité ner-
veuse, exalte leurs passions naissantes, et les prédispose à ces désordres mal-
heureux qui éclatent plus tard avec une soudaineté apparente, mais qui ont été
échauffés et nourris secrètement par ces habitudes délicates et voluptueuses de
la famille.