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 (ères, qu'il faut apprendre d'eux, soit descouverl au vulgai-
re.... Il me souvient de ces reliques, qu'on voit seulement
par une petite vitre, et qu'il n'est permis loucher avec la
main. Ainsi veulent-ilz faire de toutes les disciplines qu'ilz
tiennent enfermées dedans les livres grecz et latins, ne per-
mettant qu'on les puisse voir autrement : ou les transporter
de ces paroles mortes en celles qui sont vives et volent ordi-
naire ment par les bouches des hommes (1). »
    C'est là une prédication éloquente de révolte et de nos jours
on a attaqué l'enseignement des langues anciennes avec moins
de verve et de raison que Du Bellay n'en dépensait pour en
abolir l'emploi. Mais autanlDu Bellay réhausse notre langue,
autant il abaisse la littérature nationale devant les oeuvres
antiques qu'il propose à son imitation. Sa Défense et Illus-
tration de la langue française est une théorie de servilité où
la copie est présentée comme le meilleur mode de production
littéraire : « Tout ainsi, dit-il, que ce fut le plus louable
aux anciens de bien inventer, aussi est-ce le plus utile de
bien imiter (2). » « Sans l'imitation des Grecz et Romains,
nous ne pouvons donner à nostre langue l'excellence et la
lumière des autres plus fameuses (3). » «Par quelz moiens
doneques les Romains ont-ilz peu ainsi enrichir leur lan-
gue, voire jusques à l'égaler quasi à la grecque? imitant les
meilleurs auteurs grecz, se transformant en eux, les dévo-
rant , et après les avoir bien digérez, les convertissant en
sang et en nourriture (4). »
   Il faut voir avec quel dédain profond il parle des chants de
la muse gauloise. A la différence des latinistes, qui s'effor-


  (i) Dti Bellay : La Défense et Illustration, etc., livre I, ch. X.
  (») BH Bellay : La Défense et [llustration, etc., livve I, cli. VfH.
  (3) Id. Livre II, cli. I.
  (4) Id. Livre I, cli. TH.