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317 (ères, qu'il faut apprendre d'eux, soit descouverl au vulgai- re.... Il me souvient de ces reliques, qu'on voit seulement par une petite vitre, et qu'il n'est permis loucher avec la main. Ainsi veulent-ilz faire de toutes les disciplines qu'ilz tiennent enfermées dedans les livres grecz et latins, ne per- mettant qu'on les puisse voir autrement : ou les transporter de ces paroles mortes en celles qui sont vives et volent ordi- naire ment par les bouches des hommes (1). » C'est là une prédication éloquente de révolte et de nos jours on a attaqué l'enseignement des langues anciennes avec moins de verve et de raison que Du Bellay n'en dépensait pour en abolir l'emploi. Mais autanlDu Bellay réhausse notre langue, autant il abaisse la littérature nationale devant les oeuvres antiques qu'il propose à son imitation. Sa Défense et Illus- tration de la langue française est une théorie de servilité où la copie est présentée comme le meilleur mode de production littéraire : « Tout ainsi, dit-il, que ce fut le plus louable aux anciens de bien inventer, aussi est-ce le plus utile de bien imiter (2). » « Sans l'imitation des Grecz et Romains, nous ne pouvons donner à nostre langue l'excellence et la lumière des autres plus fameuses (3). » «Par quelz moiens doneques les Romains ont-ilz peu ainsi enrichir leur lan- gue, voire jusques à l'égaler quasi à la grecque? imitant les meilleurs auteurs grecz, se transformant en eux, les dévo- rant , et après les avoir bien digérez, les convertissant en sang et en nourriture (4). » Il faut voir avec quel dédain profond il parle des chants de la muse gauloise. A la différence des latinistes, qui s'effor- (i) Dti Bellay : La Défense et Illustration, etc., livre I, ch. X. (») BH Bellay : La Défense et [llustration, etc., livve I, cli. VfH. (3) Id. Livre II, cli. I. (4) Id. Livre I, cli. TH.