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51.) des affaires publiques. A force d'être répétées, quelques-unes de ces maximes deviennent des proverbes. Les proverbes, comme on l'a dit bien souvent, sont les formules, les axiomes de la science et de la sagesse moyenne d'une nation, ils cons- tituent le fond et l'essence même du sens commun empirique de cette nation. C'est d'après l'ensemble de ces notions popu- laires ou proverbiales, que le grand nombre juge, sans hési- ter, de ce qui est raisonnable ou déraisonnable, de ce qui est possible ou impossible, et décide hardiment de la vérité et de la fausseté d'une théorie. Le sens commun empirique se forme ainsi d'observations, de réflexions, de maximes, qui n'ont d'autre origine qu'une science, nullement infaillible dans ses procédés et dans ses résultats, et qui, cependant, sont devenus, à la longue, de véritables axiomes pour la multitude en vertu desquels elle se conduit, elle juge, elle raisonne. Non seulement elle se con- duit elle-même, elle juge, elle raisonne d'après ces axiomes d'une valeur souveut fort suspecte, mais encore elle ne con- çoit pas qu'on puisse raisonnablement se conduire et juger, d'après d'autres principes. Celui dont l'intelligence demeure au-dessous de ce degré commun de sagacité et de savoir, est accusé partout de pauvreté d'esprit et d'idiotisme. Celui qui dépasse, au contraire, de trop haut cette science grossière et commune, celui qui contredit trop fortement quelques-unes de ses assertions, passe pour un esprit faux et chimérique, et même, assez généralement, il est soupçonné de folie. D'ail- leurs, l'un et l'autre, à des titres divers, sont également jugés dépourvus du sens commun. Aussi, Messieurs, l'histoire le démontre, il y a un péril à peu près égal, à voir les choses trop tôt ou trop tard, à trop demeurer en arrière du grand nombre ou à trop le devancer. €elui qui voit le premier une vérité, est en butte aux raille- ries et souvent aux persécutions, celui qui est le dernier à la