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67 Telle est, en sommaire analyse, l'histoire de Napoléon écrile par M. Geoffroy. Nous avons suivi cet ingénieux auteur dans sa course étourdissante, sans avoir eu le lemps de nous reconnaître au milieu des nombreux événements qui se pressent dans son merveilleux récit. Maintenant que nous sommes arrivé au bout de la carrière, nous pouvons enfin recueillir nos esprits et nous former une opinion sur l'euvre singu- lière que nous venons de parcourir. Il faut d'abord rendre à M. Geoffroy cet hommage qu'il était dif- ficile d'inventer un roman plus brillant, plus saisissant d'intérêt, plus richement coloré que son Histoire apocryphe de Napoléon. Les pages éblouissantes qui abondent dans ce curieux livre font naître dans l'ame du lecteur d'enivrantes émotions. Ces glorieux enchaî- nements de triomphes et deconquêtesséduisent la raison et l'égareat presque. On se surprend à partager les illusions de l'auteur ; on croit à la vérité des fables ingénieuses que son talent embellit du prestige de la vraisemblance ; on s'incline avec lui devant le demi- dieu qu'il a créé.... Ces illusions continuent leur empire pendant quelques temps encore après qu'on a fermé le livre qui lésa fait naîtres. Mais bien- tôt une réaction s'opère; la raison, un moment séduite, reprend ses droits et son influence. Sous le brillant échafaudage de gloire et de conquêtes construit par M. Geoffroy, on découvre les libertés publi- ques asservies, la presse enchaînée, une police inquiète et soupçon- neuse surveillant et comprimant à /a fois les actes et les paroles, l'esprit national démoralisé acceptant les chaînes dorées qu'une main despotique lui impose, l'engouement pour un homme substitué au saint amour du pays. Enfin, au travers des nuages qui entourent le héros, on voit les divers éléments dont se compose la monarchie universelle, unis par des liens tellement faibles que le moindre choc,