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243 Jusqu'ici nous n'avons vu que l'avant-propos de noire Bible, qu'une préface un peu longue peut-être ; mais les princes étaient si avares... ou le moine si avide ! Le corps de l'ouvrage va traiter de la véritable société du moyen-âge, de la hiérarchie clé- ricale. C'est ce que Guiot nous annonce dans une proposition complexe qui ressemble assez à une table des matières. Quoique les invectives du satirique contre les corps ecclésiastiques soient quelquefois un peu vives, nous n'hésitons pas à en reproduire une partie sans craindre d'offenser personne. Le clergé du XIXe siècle diffère tellement de celui du XIIe, que redire les fautes de ses devanciers, c'est faire indirectement son éloge. D'abord il s'agit du pape, de notre père l'apostole. Le poôie le traite avec assez de ménagement, quitte à se dédommager sur son entourage. Il en fait une espèce de roi constitutionnel dont les ministres sont seuls responsables. Tout est perdu et confondu Quand les Chardonal (cardinaux) sont venus. Il trace de ces grands dignitaires de l'église un portrait peu flatté : on en jugera par ces vers qui le terminent : Sans foi et sans religion, Que ils vendent Dieu et sa mère, Et trahissent nous et leur père. Guiot voit d'assez mauvais œil tout cet or et tout cet argen, que, sous mille prétextes, on emporte outre les monts. Il trouve, en bon économiste, qu'on ferait beaucoup mieux d'en construire des chaussées, des hôpitaux, des ponts. Son indignation contre Rome ne connaît point de bornes, pas même celles du temps. Dans une érudite colère, il reproche à cette ville le fratricide de Romulus, le parricide de Néron, et le meurtre de Jules-César, Il paraît qu'en général Brutus était fort mal vu au moyen-âge. On sait que Dante le plonge à demi dans la gueule éternellement dévorante de Lucifer. Le respect pour l'empire ressuscité des Allemands avait un effet rétroactif en faveur d'un citoyen cou- pable qu'il transformait en monarque légitime. Quoiqu'il en soit,