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    Jusqu'ici nous n'avons vu que l'avant-propos de noire Bible,
 qu'une préface un peu longue peut-être ; mais les princes étaient
 si avares... ou le moine si avide ! Le corps de l'ouvrage va
 traiter de la véritable société du moyen-âge, de la hiérarchie clé-
 ricale. C'est ce que Guiot nous annonce dans une proposition
complexe qui ressemble assez à une table des matières. Quoique
 les invectives du satirique contre les corps ecclésiastiques soient
quelquefois un peu vives, nous n'hésitons pas à en reproduire une
partie sans craindre d'offenser personne. Le clergé du XIXe siècle
diffère tellement de celui du XIIe, que redire les fautes de ses
devanciers, c'est faire indirectement son éloge.
    D'abord il s'agit du pape, de notre père l'apostole. Le poôie
le traite avec assez de ménagement, quitte à se dédommager sur
son entourage. Il en fait une espèce de roi constitutionnel dont
les ministres sont seuls responsables.
               Tout est perdu et confondu
               Quand les Chardonal (cardinaux) sont venus.

   Il trace de ces grands dignitaires de l'église un portrait peu
flatté : on en jugera par ces vers qui le terminent :
                   Sans foi et sans religion,
                   Que ils vendent Dieu et sa mère,
                   Et trahissent nous et leur père.

   Guiot voit d'assez mauvais Å“il tout cet or et tout cet argen,
que, sous mille prétextes, on emporte outre les monts. Il trouve,
en bon économiste, qu'on ferait beaucoup mieux d'en construire
des chaussées, des hôpitaux, des ponts. Son indignation contre
Rome ne connaît point de bornes, pas même celles du temps.
Dans une érudite colère, il reproche à cette ville le fratricide
de Romulus, le parricide de Néron, et le meurtre de Jules-César,
Il paraît qu'en général Brutus était fort mal vu au moyen-âge.
On sait que Dante le plonge à demi dans la gueule éternellement
dévorante de Lucifer. Le respect pour l'empire ressuscité des
Allemands avait un effet rétroactif en faveur d'un citoyen cou-
pable qu'il transformait en monarque légitime. Quoiqu'il en soit,