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Cette société violente, désordonnée, anarchïque, mettait en
pratique les leçons qu'on lui avait inculquées.
   Rien de semblable n'est à craindre des générations élevées
dans les principes sérieux et dans les idées pratiques de l'en-
seignement universitaire. La critique historique rend, à chaque
siècle, sa physionomie, à chaque homme, son caractère en
bien et en mal. Elle inspire peu d'enthousiasme ; mais elle se
garde également de récriminations aveugles et de haines
passionnées tout aussi fausses. Athènes, Sparte, Rome, ont
été grandes assurément, et souvent admirables de patriotisme,
mais elles ne peuvent servir de modèles aux sociétés actuelles.
Elles étaient le gouvernement de la ville, de la cité; les so-
ciétés modernes prennent pour base l'unité, la centralisation
politique; elles reposaient sur l'esclavage ; les sociétés mo-
dernes reposent sur le principe de l'êgalilé, inspiré par le
christianisme. IVadmirons les sociétés passées qu'en voyant
l'œuvre qu'elles ont accomplie : les républiques de la Grèce
ont eu pour lâche de ruiner les civilisations incomplètes et
stalionnaires de l'Egypte et de la Perse, "pour leur substituer
une civilisation progressive. De même, les Romains ont eu
pour tâche de réunir l'ancien monde, afin de rendre possibles,
par l'unité de civilisation et de langage, les rapides progrès de
la religion chrétienne. Celte gloire est assez belle sans qu'on
doive l'exagérer encore.
   Sur aucun point, nous l'espérons du moins, les générations
nouvelles n'accepteront de principes exclusifs. Nous ne crai-
gnons pas, par exemple, qu'éblouies par l'éclat de la gloire
militaire, elles considèrent la guerre comme l'étal normal des
sociétés, et comme le plus puissant moyen de propager la ci-
vilisation, ainsi qu'une école moderne a essayé de le démon-
trer. Mais nous ne craignons pas davantage que l'amour exa-
géré de la paix et de ses bienfaits les empêche de ressentir
vivement les insultes qui seraient faites à leur pays, et de se