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8 Maintenant elle dort et se repaît en rêve, Et l'essaim de ses maux, un moment, lui fait trêve ; Mais pour les malheureux est-il un long sommeil? L'heure fuit, et bientôt il va, plus âpre encore, Se réveiller avec les rayons de l'aurore, Et l'oiseau dont les chants devancent le soleil. Pourquoi donc ces clartés et ces splendides voiles ? Pourquoi ce dais d'azur illuminé d'étoiles? Ces souffles parfumés qui s'exhalent des fleurs? Pourquoi cette amoureuse et flottante harmonie ? 0 nature! cela n'est-il qu'une ironie, Et mêles-tu ta joie aux humaines douleurs? Mais non... d'un Dieu d'amour glorieuse interprète, Elle chante pour l'homme une éternelle fête. Pour recevoir en roi cet hôte d'un instant, Elle se montre à lui, belle, de fleurs coiffée, Les mains pleines de dons comme une riche fée, Et change sa demeure en palais éclatant. Pour apaiser la soif qui toujours le tourmente, Elle cache en son sein, mystérieuse amante, Une source d'amour qui l'invite tout bas. Par ses vagues soupirs, par ses mille harmonies, Elle appelle son ame aux choses infinies ; Mais ce divin langage, il ne le comprend pas. Nô trouvant qu'un vain son dans cette voix suprême, Comme un reptile il s'est replié sur lui-même ; Il s'est posé de tout et le centre et la fin.