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forme eussent gagné à ^ lus de vanité littéraire, et à moins de
conviction philosophique chez l'auteur ; les proportions eus-
sent été mieux mesurées à la paresse et à l'indifférence d'un
lecteur, homme du monde ; mais ce qui fait l'originale beauté
de ce livre, c'est qu'on n'y voit pas un écrivain qui s'exerce
sur un sujet arbitrairement choisi, mais une ame pleine d'une
grande lumière, et agitée par un grand souffle, qui se raconte
elle-même à nous, avec ses intuitions merveilleuses, ses labo-
rieuses déductions, et les élans qui l'emportent d'une vérité
rayonnante aux vérités encore voilées. De là , le cours abon-
dant de cette pensée qui coule en reflétant l'infini à travers les
tableaux les plus exacts de toutes les choses de l'esprit et du
cœur humain ; de là , ces raisonnements qui empruntent les
ailes de la poésie, ces jets lyriques qui s'envolent à la suite
d'une formule frappante de rigueur et de précision ; de là ,
enfin, celte double émotion de la raison et du sentiment chez
celui qui lit cette œuvre comme elle a été faite, avec la droi-
ture et la simplicité du cœur ; philosophe, on y trouvera réponse
à bien des doutes; homme sujet aux tristesses et à l'abattement,
on sentira la partie morale de son être relevée et fortifiée.
Dans un livre de cette nature, la question de forme est tout-
à -fait secondaire, néanmoins la critique, en reprenant quelques
longueurs dans la composition, doit reconnaître, dans le style
de M. Blanc-St-Bonnet, un rare mérite de rectitude logique
et cette exquise propriété de termes qui attestent la netteté de
l'idée et la connaissance philosophique de la langue. Pour résu-
mer notreopinion et classer cette Å“uvre entre les productions des
philosophes modernes, sans être accusé de nous laisser entraî-
ner par notre sympathie pour ses principes, nous emprunte-
rons les expressions d'un écrivain qui a vivement attaqué plu-
sieurs idées de M. Blanc-Sl-Bonnet, et nous proclamerons
V Unité spirituelle une des conceptions les plus brillantes et les
plus originales de notre siècle.