Revue du Lyonnais » série 1 - n°16 ( 1842 ) » pp.280

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   Je n'ai pas à m'arrêter sur le passage du Rhône par Hannibal. On
est fort divisé de sentiments sur le point où il fut exécuté, et cette
question se lie étroitement à celle du passage des Alpes. L'une et
l'autre sont loin d'être suffisamment éclaircies ; mais, dans tous les
cas, c'est fort gratuitement qu'on prétendrait placer dans notre
ville ce passage du Rhône. Je rappellerai avec la même brièveté co
que César rapporte, qu'il se servit de la Saône pour l'approvision-
nement de son armée (1) ; et qu'il défit un corps d'Helvétiens qui se
 préparaient à traverser cette rivière (2). Ces faits se passèrent dans
le pays des Eduens et des Séquanais, sur la Saône supérieure et à
 une distance considérable de notre ville.
   Les premiers de ces faits dans l'ordre chronologique, sont l'é-
 rection du temple de Rome et d'Auguste, dont je parlerai spécia-
 lement ailleurs, et une particularité piquante qui appartient au
 règne de Caligula et qui nous a été conservée par Suétone ; je veux
 parler de ces jeux qu'il fit célébrer dans notre ville, jeux mêlés d'exer-
cices littéraires, et surtout de la condition singulière qu'il imposait aux
plus mauvais auteurs, celle d'effacer leurs écrits avec la langue,
sous peine de recevoir des férules, comme des écoliers, ou d'être
jetés dans le fleuve voisin : Eos autem qui maxime displicuissent,
script a sua spongia linguave delcre jussos, nisi fendis objurgari,
aut flumine proximo mergi maluissent (3). Cefleuveétait-il le
Rhône ou la Saône? On peut le supposer indifféremment de tous les
deux; l'autel d'Auguste étant situé à leur confluent, et les jeux de
Caligula ayant eu lieu vers cet autel, ainsi que nous l'apprennent ces
vers de Juvcnal, allusion évidente et si connue (4) :
                 Palleal M midis pressit qui calcibus anguem
                 Aul Lugdunensem rlietor dicturus ad aram.
  Sous Néron, un projet avait été conçu par Lucius Vêtus qui com-
mandait pour ce prince dans une partie de la Gaule ; et s'il eut été
exécuté, il serait devenu une source de prospérité pour cette contrée

  (1)    Debell. gill. 1, 16.
  (2)    Ibid. 12.
  (5)    Cadg. XX.
  (•4)   Sal. I, v. -t-i.