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110 et que les crues soient moins subites et moins nuisibles. Nous le pouvons par le reboisement des montagnes, et il n'est pas difficile de le faire comprendre. Un exemple suf- fira. Supposons deux pentes de montagnes également incli- nées, dont l'une est cultivée, et l'autre couverte de bois ou de végétaux vivaces. Que se passera-t-il lors d'une pluie longue et soutenue? Sur la première nous verrons dans chaque dépression du sol, dans chaque sillon creusé par la charrue, un courant d'eau qui entraîne une partie de la terre délayée. Ces courants seront encore bien plus rapides si la pente ne présente déjà qu'une roche nue. Sur la seconde pente nous observerons que les gouttes de pluie suspendues un certain temps aux feuilles des végétaux, tombe- ront divisées sur le sol, ou y arriveront en coulant le long des tiges. Les tiges des arbres, des arbustes, des grami- nées s'opposeront à la formation de tout courant, et l'eau subdivisée en une infinité de petits filets, arrivera à la partie la plus déclive comme celle qui s'infiltre dans une éponge. Le feuillage empêchera l'évaporation rapide de l'eau dont une plus grande quantité pénétrera dans le sol, par l'effet de la circulation capillaire établie autour de chaque tige et des racines des végétaux. Sur ces deux pentes, le mouvement du liquide différera tellement, que si un pied cube d'eau tombé sur la montagne dénudée arrive à la plaine dans l'espace d'un quart d'heure, il s'écoulera plusieurs heures et môme plusieurs jours avant qu'un autre pied cube d'eau parvienne au bas de la mon- tagne boisée. Au pied de la première, nous rencontrerons des champs recouverts de sable et de graviers, des affouillements creusés par l'eau et des lits de torrents à sec. Au pied de la se- conde, nous verrons des sources limpides se réunir en un