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312 gne encore unpeu lui-même « fusance commun deparler(l).» L'on consent à employer le langage de tous, mais seulement pour ce qu'on juge au-dessous de la gravité de la langue la- tine : « ad garriendum de quibuslibet nugis, sufficit mihi sertno gallicus aut balavicus, » disait Erasme (2). Le latin reste longtemps seul digne de l'histoire. A la langue vulgaire de dérouler les inventions capricieuses du conte et du fabliau; le domaine de la fiction lui appartient, la réalité lui est in- terdite. Mais comment, au moyen d'une languefixéeà jamais, sans mouvement et sans vie, suivre les faits de l'histoire dans ce qu'ils ont de mobile et de progressif? A chaque instant le mot manquait à l'idée et l'historien ne surmontait celte difficulté que par le barbarisme, en créant des mots posthumes, ou par l'application souvent plaisante de formules purement antiques et païennes à des choses chrétiennes et modernes. Les scho- lastiques sacrifiaient sans hésiter la pureté de la langue latine à l'expression plus facile et plus claire des idées de leur temps; tandisque les Cicêroniens, se faisant scrupule d'user d'un tour ou d'un mot qui n'eût pas été consacré par les bons au- teurs, mettaient sans cesse le lecteur à la devine : Le cardinal Bembo, dans son Histoire de Venise, appelle le Grand-Turc le Roi des Thraces ; il fait parler le pape au nom des dieux immortels et l'excommunication devient l'interdiction du feu et de Veau. Par crainte de ces deux inévitables écueils, beaucoup se bornaient à la chronique, aux mémoires, au récit de ce qu'ils avaient vu ou de ce qu'ils avaient fait, genre qui réputé infé- rieur, pouvait se produire dans le déshabillé de la langue vul- gaire. Commines n'a pas eu la prétention d'écrire l'histoire; ce (i) Livre II. Cliap. VI. (a) lu Ciceroiriatw.