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403 Vous souvient-il de ma joie, le jour où je trouvai, dans la boutique d'un boulanger de la Guillolière, où il servait à éteindre du charbon, un magnifique vase étrusque que j'a- chetai trente sous? Eh! bien, j'ai découvert, en le nettoyant, l'étiquette et le numéro qu'il portait dans le temps où il oc- cupait une place honorable dans le précieux cabinet de M. Du- rand! Par quelle suite de vicissitudes ce vase, sorti d'un tom- beau de Veïes ou de Tarquinium, ayant figuré dans la plus riche collection de l'Europe, s'est-il trouvé avili jusqu'à l'em- ploi ignoble auquel je l'ai arraché? Les fouilles modernes, dans celle région de l'Italie, jadis occupée par les Etrusques depuis une époque inconnue, qui forme aujourd'hui la Toscane et une partie du domaine pontifical, ne remontent pas à une époque éloignée de nous (1); c'est un jardinier du prince de Canino qui, en travaillant une pièce de terre,, ouvrit par hasard un tombeau étrusque. Cette découverte fut le signal des fouilles acharnées aux Espagnols chrétiens. Au commencement du X I I I e siècle, elle fui importé fie Majorque en Italie à Faenza ; les Italiens appelèrent celte poterie majolica, du lieu où ils l'avaient tirée. Vers le milieu du X V e siècle, Lucca Délia Robia imagina de peindre sur ces poteries et de fixer les cou- leurs par le feu ; il inventa aussi la sculpture en faïence colorée, recouverte d'émail. Le Louvre a, de lui, un bas-relief dans ce genre : La Vierge et l'en- fant Jésus. Lucca eut bientôt des imitateurs, et de 1470 à 1770, les villes de Faenza, Rimini, Pesaro, etc., produisirent une foule de plats, vases, bas- sins, aiguières, ornés de peintures faites d'après les dessins des plus grands maîtres italiens, Raphaël et Jules Romain surtout. Depuis celte époque après la mort du comte Guidobaldo Délia Rovere, de Pesaro, amateur et protecteur éclairé de cet art, la peinture sur majolica devint un simple métier, et ne produisit rien de remarquable. De l'Italie, la fabrication de la faïence passa en France vers i 6 o 3 . L'historien de Thou dit que ce fut une personne de la suite du duc de Gonzague qui établit cette industrie à Ne vers. (1) Les premières fouilles remontent à 1780 et sont dues au caidiiul Ga- rampi.