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    Vous souvient-il de ma joie, le jour où je trouvai, dans la
boutique d'un boulanger de la Guillolière, où il servait à
éteindre du charbon, un magnifique vase étrusque que j'a-
chetai trente sous? Eh! bien, j'ai découvert, en le nettoyant,
l'étiquette et le numéro qu'il portait dans le temps où il oc-
cupait une place honorable dans le précieux cabinet de M. Du-
rand! Par quelle suite de vicissitudes ce vase, sorti d'un tom-
beau de Veïes ou de Tarquinium, ayant figuré dans la plus
riche collection de l'Europe, s'est-il trouvé avili jusqu'à l'em-
ploi ignoble auquel je l'ai arraché?
   Les fouilles modernes, dans celle région de l'Italie, jadis
occupée par les Etrusques depuis une époque inconnue, qui
forme aujourd'hui la Toscane et une partie du domaine
pontifical, ne remontent pas à une époque éloignée de
nous (1); c'est un jardinier du prince de Canino qui, en
travaillant une pièce de terre,, ouvrit par hasard un tombeau
étrusque. Cette découverte fut le signal des fouilles acharnées

aux Espagnols chrétiens. Au commencement du X I I I e siècle, elle fui importé
fie Majorque     en Italie à Faenza ; les   Italiens   appelèrent   celte   poterie
majolica,    du lieu où ils l'avaient tirée. Vers le milieu du X V e siècle,
Lucca Délia Robia imagina de peindre sur ces poteries et de fixer les cou-
leurs par le feu ; il inventa aussi la sculpture en faïence colorée, recouverte
d'émail. Le Louvre a, de lui, un bas-relief dans ce genre : La Vierge et l'en-
fant Jésus. Lucca eut bientôt des imitateurs, et de 1470 à 1770, les villes
de Faenza, Rimini, Pesaro, etc., produisirent une foule de plats, vases, bas-
sins, aiguières, ornés de peintures faites d'après les dessins des plus grands
maîtres italiens, Raphaël et Jules Romain surtout. Depuis celte époque
après la mort du comte Guidobaldo Délia Rovere, de Pesaro, amateur et
protecteur éclairé de cet art, la peinture     sur majolica   devint un simple
métier, et ne produisit rien de remarquable. De l'Italie, la fabrication de
la faïence passa en France vers i 6 o 3 . L'historien de Thou dit que ce fut
une personne de la suite du duc de Gonzague qui établit cette industrie
à Ne vers.
  (1) Les premières fouilles remontent à 1780 et sont dues au caidiiul Ga-
rampi.