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500 perpétuellement dans la langue littéraire et même dans la laugue philosophique une foule de confusions et d'équivoques que je veux dissiper par une analyse sévère des éléments con- tenus dans ce qu'on appelle du nom général de sens com- mun. Dans l'usage ordinaire et dans la langue de la littérature^ on comprend sous le nom de sens commun deux éléments d'une nature toute opposée, un élément rationnel et un élément empirique, en d'autres termes des principes dus à la raison et par conséquent marqués du double caractère de l'universalité et de la nécessité, et d'autres principes dus à l'expérience et par conséquent n'ayant aucun caractère d'universalité et de nécessité. Selon que l'on considère et que l'on invoque le sens commun sous le point de vue empirique ou sous le point de vue rationnel, il est évident qu'il n'a plus les mômes droits, ni la même autorité. Je vais successive- ment l'examiner sous chacun de ces deux points de vue, et vous me permettrez, pour la commodité du discours, d'ap- peler tout simplement sens commun rationnel, le sens com- mun considéré sous le rapport de l'élément rationnel et sens commun empirique le sens commun considéré sous le rap- port de l'élément empirique. Commençons d'abord par le sens commun rationnel? Quels sont ses droits, quelle est son au- torité à l'égard de lasience. Il existe, vous le savez, une raison commune, universelle qui émane de Dieu et dont la lumière éclaire toutes les intelligences, comme la lumière du soleil éclaire tous les yeux. De cette raison découlent des vérités, des croyances qui sont l'indispensable condition et le fond nécessaire de toute connaissance, de tout acte intellectuel. C'est à cet ensemble de vérités et de croyances universelles et nécessaires de l'humanité que dans la langue philosophi- que on donne plus spécialement le nom de sens commun, et auquel nous donnons ici le nom de sens commun rationnel