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perpétuellement dans la langue littéraire et même dans la
laugue philosophique une foule de confusions et d'équivoques
que je veux dissiper par une analyse sévère des éléments con-
tenus dans ce qu'on appelle du nom général de sens com-
mun.
   Dans l'usage ordinaire et dans la langue de la littérature^
on comprend sous le nom de sens commun deux éléments
d'une nature toute opposée, un élément rationnel et un élément
empirique, en d'autres termes des principes dus à la raison et
par conséquent marqués du double caractère de l'universalité
et de la nécessité, et d'autres principes dus à l'expérience et
par conséquent n'ayant aucun caractère d'universalité et de
nécessité. Selon que l'on considère et que l'on invoque le
sens commun sous le point de vue empirique ou sous le
point de vue rationnel, il est évident qu'il n'a plus les
mômes droits, ni la même autorité. Je vais successive-
ment l'examiner sous chacun de ces deux points de vue,
et vous me permettrez, pour la commodité du discours, d'ap-
peler tout simplement sens commun rationnel, le sens com-
mun considéré sous le rapport de l'élément rationnel et sens
commun empirique le sens commun considéré sous le rap-
port de l'élément empirique. Commençons d'abord par le sens
commun rationnel? Quels sont ses droits, quelle est son au-
torité à l'égard de lasience. Il existe, vous le savez, une raison
commune, universelle qui émane de Dieu et dont la lumière
éclaire toutes les intelligences, comme la lumière du soleil
éclaire tous les yeux. De cette raison découlent des vérités,
des croyances qui sont l'indispensable condition et le fond
nécessaire de toute connaissance, de tout acte intellectuel.
C'est à cet ensemble de vérités et de croyances universelles
et nécessaires de l'humanité que dans la langue philosophi-
que on donne plus spécialement le nom de sens commun, et
auquel nous donnons ici le nom de sens commun rationnel