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indécis et incertain, et se refuse à formuler clairement sa doc-
trine. Le côté droit de l'école est franchement théiste, et pré-
tend môme être orthodoxe, en prenant ce mot dans le sens
qu'il a dans l'église chrétienne. Mais, à notre avis, les premiers
ne sauraient se maintenir à la longue dans leur vague juste-
milieu, et les derniers ne font que se tromper eux-mêmes sur
la portée de leurs principes. Le côté gauche représenté par
Strauss, et qui admet une doctrine franchement panthéiste,
est seul conséquent.
   Ce n'est qu'en suivant la méthode psychologique et française,
en pénétrant dans la profondeur de l'âme humaine, en inter-
rogeant non point la raison seule, mais l'homme tout entier,
son sentiment intime, son cœur, ses besoins les plus cachés,
que l'on peut trouver les fondements de toutes ces croyances
logiquement absurdes et inconciliables. C'est seulement ainsi
que Ton peut les expliquer toutes, en démontrer l'origine et
la nécessité, et forcer la logique à les admettre simultanément
malgré leur opposition. C'est en vain que le raisonnement
les attaque: leur certitude reste inébranlable, car elle est fondée
sur une base solide, la psychologie.
   En Allemagne, le représentant le plus décidé de la mé-
thode logique et du panthéisme qu'elle enfante nécessairement
est donc Strauss. Dans sa Vie de Jésus, publiée pour la pre-
mière fois en 1835 et 1836 (traduite en France parLittré),
il part de la supposition admise a priori, que les faits sans
nombre qui, par leur ensemble composent l'histoire sont
essentiellement de môme nature. Il s'en suit qu'aucune his-
toire particulière ne peut être regardée comme divine et
miraculeuse dans un sens particulier et exclusif. Les miracles
sont donc impossibles. L'auteur les considère comme un tissu
de traditions et de mythes. Le chapitre philosophique qui ter-
mine le livre est devenu célèbre. L'auteur s'y efforce de réta-
blir à l'aide de la philosophie hégélienne, ce que sa critique a