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Si i elle n'est pas la seule et tout n'est pas fait lorsqu'elle a été accomplie. Les croyances du sens commun rationnel doivent être le fondement, le point de départ et la règle de toutes les spéculations philosophiques, mais, elles n'en sont pas la limite. Je ne suis pas de l'avis des philosophes qui ont pré- tendu réduire le rôle delà philosophie à l'analyse, à la justifica- tion des croyances rationnelles du sens commun et lui ont inter- dit de jamais aspirer à les dépasser. Si tel était, en efl'ct, l'unique rôle de la philosophie, nous nous exposerions à nous entendre dire, à quoi bon tant de travaux et tant d'efforts pour n'arriver qu'à répéter sous une forme un peu différente ce que le sens commun proclame avec certitude au-dedans de la conscience de chacun ? Si la philosophie doit profondément respecter les croyances instinctives et nécessaires dont se compose le sens commun rationnel de l'humanité, elle peut légitimement, elie doit aspirer à les surpasser et chercher à atteindre là ou elles n'atteignent pas, sinon elle laisserait en dehors d'elle des questions qui non seulement sont du plus haut intérêt, mais encore ont été de tout temps jugées par le sentiment universel comme des questions éminemment philosophiques. Considérez à quoi se bornent les affirmations immédiates du sens commun et vous comprendrez parfaitement en quoi et comment la philosophie doit aspirer à les surpasser. En effet, que nous apprennent ces croyances du sens commun dont tout à l'heure je vous donnais quelques exemples? Elles nous apprennent qu'il existe une cause de tout ce qui arrive, une cause de l'univers, un temps et un espace infinis, une justice et une beauté absolue. Elles ne nous apprennent rien de plus. Cependant, à propos de toutes ces choses que de questions s'élèvent sur lesquelles le sens commun demeure muet! Il existe une réalité distincte de notre réalité, mais quelle est cette réalité? 11 existe une cause et une substance à tout ce qui arrive, mais quelle est la nature de celte cause et de cette