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512 substance, qu'est-ce qui la distingue d'autres causes et d'au- tres substances? Il existe une cause suprême de l'univers, mais quels sont les attribuls de celle cause, quels sont ses rap- ports avec les êtres créés et avec les causes secondes? Il existe un temps et un espace infini, mais quelle est la nature de ce temps et de cet espace? Sont-ils des non êtres infinis, ou bien sont-ils identiques à la succession ou à la coexistence des choses, ou bien sont-ils des attributs de la cause et de la subs- tance infinie ? Il y a une justice et une beauté absolue, mais quelle est l'essence de la justice et de la beauté? Encore une fois, ni les croyances du sens commun, ni l'analyse de ces croyances, ne peuvent donner une réponse immédiate et né- cessaire à ces hautes questions. Cependant, ne sont-ce pas là des questions philosophiques ; n'onl-elles pas toutes été agitées, avec plus ou moins de bonheur, par quelque grand philosophe; n'en est-il pas même que l'on peut considérer comme résolues? Le sens commun rationnel ne nous apprend donc rien de plus du monde des substances et des causes que le fait même de son existence. Or, nous voulons en savoir da- vantage, et, pour satisfaire à cette grande el légitime curio- sité de l'intelligence humaine, la philosophie s'efforce de pé- nétrer dans ce monde mystérieux. Elle y pénètre en suivant dans toute leur portée les principes de la raison, elle y pénè- tre en prenant ces principes pour fondements d'inductions par lesquelles elle entreprend de déterminer au moins, en une certaine mesure, la nature de ces causes et de ces substances, leurs rapports entre elles et leurs rapports avec la substance et la cause infinie. Tel est, Messieurs, le véritable rôle de le philosophie dans ses rapports avec le sens commun rationnel. Elle est quelque chose de plus que la répétition sous forme analytique de ce que les croyances instinctives et nécessaires de l'humanité contiennent sous forme synthétique. Elles les explique, elle