page suivante »
•J i0 pour prévenir toute équivoque en le distinguant du sens com- mun empirique. Nous existons, quelque chose existe distinct de nous; il y a un temps et un espace sans limite au sein desquels toutes cho^ ses sont placées ; tout ce qui arrive se rapporte à une substance et à une cause ; l'ensemble des choses qui arrivent ou le monde suppose l'existence d'une cause et d'une substance infinie qui ait en elle-même sa raison d'exister ; il y a une justice absolue supérieure à tous les attraits du plaisir et à tous les calculs de l'intérêt ; celui qui a fait le bien mérite d'être récompensé, et celui qui a fait le mal mérite d'être puni ; il y a une beauté absolue, indépendante des temps et des lieux et des caprices de la mode ; les lois du monde sont stables et générales. Voilà quelques-unes des principales vérités qui constituent le fond du sens commun rationnel. C'est toujours en ce sens que dans notre langue philosophique nous nous servons du mot de sens commun, c'est en ce sens que vous vous rappeliez peut-être me l'avoir entendu invoquer con- tre certaines doctrines, par exemple, contre l'idéalisme et le scepticisme. Ài-je besoin de dire que l'autorité du sens commun ainsi entendu est l'autorité de la raison elle-même, c'est-à -dire une autorité absolue. Tout ce qui va contre cette autorité est absurde et détruit la possibilité môme de toute science et de toute certitude. La philosophie, comme toutes les autres sciences, ne peut aller contre cette autorité irrésistible et sacrée, contre ces croyances instinctives et nécessaires qui sont Se fondement de l'intelligence et de la science humaine. Non seulement elle doit les respecter, mais elle a pour tâche principale de les justifier, de les confirmer, de les éclairer par la réflexion, de rechercher quelle en est la nature, quels en sont les caractères et l'origine. Cependant, si celte tâche est une des plus i m - portantes de la science de l'esprit humain et de la philosophie