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493 —•Assujettissez îe front au fauteuil avec un mouchoir, et bâil- lonnez-le avec un autre,dit David,sans entrer dans le cabinet. — Yous vouiez donc m'égorger maintenant? dit le Maître d'école. — Grâce... grâce !... Puis l'on n'entendit plus rien qu'un m u r m u r e confus. Les deux hommes reparurent. Le docteur leur fil un signe, ils sortirent... — Monseigneur:' dit une dernière fois le noir à Rodolphe, d'un air inlerrogalif. — Faites, répondit Rodolphe, sans changer de position. David entra lentement dans le cabinet. —• Monsieur Rodolphe, j'ai peur, dit le Chourineuv, tout pâle et d'une voix tremblante, Monsieur Rodolphe, parlez-moi donc... j'ai peur... Est-ce que je r ê v e ? . . . Mais qu'est-ce donc qu'il fait au Maître d'école, le nègre? Monsieur Rodolphe, on n'entend rien... ça me fait plus peur encore... David sortit du cabinet; il était pâle comme le sont les nè- gres, ses lèvres étaient blanches. Il sonna, les deux hommes parurent. — Ramenez le fauteuil. On ramena le Maître d'école. — Olez-lui son bâillon. On le lui ôta. — Yous voulez donc me mettre à la torture? s'écria le Maître d'école, avec plus de colère que de douleur. Pourquoi vous êtes-vous amusé à me piquer ainsi les yeux? Yous m'avez fait mal... Est-ce pour me martyriser encore dans l'ombre que vous avez éteint les lumières ici comme là -dedans. Il y eut un m o m e n t de silence effrayant. — Yous êtes aveugle, dit enfin David d'une voix émue. — Ça n'est pas vrai!... ça n'est pas possible!... Yous avez fait la nuit exprès!... s'écria le brigand, en faisant de violents efforts sur son fauteuil. — Otez-lui ses liens... qu'il se lève... qu'il marche... dit Rodolphe.