page suivante »
495 ra par la commisération.... Chacune de tes paroles est un blas- phème, chacune de tes paroles sera une prière. Tu es auda- cieux et cruel parce que tu es fort, tu seras doux et humble parce que lu seras faible. Ton cœur est fermé au repentir, un jour lu pleureras tes victimes. Tu as dégradé l'intelligence que Dieu avait mise en loi, tu l'as réduite à des instincts de rapine et de meurtre, d'homme, tu t'es fait bêle sauvage ; un jourjlon inlelligence se retrempera par le remords, se relèvera par l'expiation Après unelongue vie attachée à la rédemption de tes crimes, la dernière prière sera pour supplier Dieu de l'ac- corder le bonheur inespéré de mourir entre ta femme et ton fils. En disant ces dernières paroles, la voix de Rodolphe s'était tristement émue. Le Maître d'école ne ressentait presque plus de terreur : il crut que Rodolphe avait voulu l'effrayer, avant que d'arriver à celle moralité. Presque rassuré par la douceur de l'accent de son juge, le brigand, d'autant plus insolent qu'il était moins effrayé, dit avec un rire grossier : — Ah ça ! devinons-nous des charades, ou sommes-nous au catéchisme, ici?... Le noir regarda Rodolphe avec inquiétude; il s'attendait à un accès de fureur de sa part, il n'eu fut, rien. Le jeune homme secoua la lêle avec une ineffable expres- sion de trislesse, et dit au docteur : — Faites, David... que Dieu me punisse seul si je me trompe !... Et Rodolphe cacha sa figure dans ses deux mains. A ces mois : faites David, le nègre sonna. Deux hommes vêtus de noir entrèrent. D'un signe, le doc- teur leur montra la porte d'un cabinet latéral. Les deux hommes y roulèrent le fauteuil où le Maître d'é- cole était garollé de façon à ne pouvoir faire un mouvement. La lêle était fixée au dossier par une écharpe qui entourait le cou et les épaules*.