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494 bunal à l'échafaud, le trajet est Irop court. Il ne faut donc pas que lu meures ainsi. Le Maître d'école était anéanti. Pour la première fois de sa vie, il y eut quelque chose qu'il redouta plus que la m o r l . . . Celte crainte vague était horrible... Le docteur nègre et le Chourineur regardaient Rodolphe avec angoisse ; ils écoulaient, en frémissant, cet accent sonore, tranchant, impitoyable comme le fer d'une hache; ils sen- taient leur cœur se serrer douloureusement. Rodolphe continua : — Anselme Duresnel, lu n'iras donc pas au bagne... tu ne mourras pas... — Mais que voulez-vous de moi?... c'est donc l'enfer qui vous envoie ? — Ecoule, dit Rodolphe, en se levant d'un air solennel, cl donnant à son geste une autorité menaçante, lu as criminel- lement abusé de la force, je paralyserai ta force Les plus vigoureux tremblaient devant toi, tu trembleras devant les plus faibles.... Assassin, tu as plongé des créatures de Dieu dans la nuit éternelle, les ténèbres de l'éternité commenceront pour foi dans cette vie..,aujourd'hui..., tout à l'heure....Ta punition, enfin, égalera tes crimes. Mais, ajouta Rodolphe, avec une sorte de pitié douloureuse, celte punition épouvantable le laissera, du moins, l'horizon sans borne de l'expiation. Je se- rais aussi criminel que loi si, en le punissant, je ne satisfaisais qu'une vengeance, si juste qu'elle fût.... Loin d'être stérile, comme la mort, ta punition doit êlre féconde. Loin de le dam- ner, elle le peut racheter.... Si, pour te mettre hors d'état de nuire, je le dépossède à jamais des splendeurs de la création, si je te plonge dans une nuit impénétrable, seul avec le sou- venir de les forfaits, c'est pour que tu conletnples incessam- ment leur énormilé Oui, pour toujours isolé du monde exté- rieur, tu seras forcé de toujours regarder en toi ; et alors, je l'espère, ton front bronzé par l'infamie rougira de honte ; Ion a m e , endurcie p a r l a férocité, corrodée parole crime, s'amolli-