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491 vera la honle de l'échafaïul ; on dira que vous avez étéj tue dans une allaque à main armée.... Préparez-vous... les armes sont chargées. La physionomie de Piodolphe élait implacable... Le Maître d'école avait remarqué, dans une pièce précé- dente, deux hommes armés de carabines... son nom était con- nu ; il pensa, en effet, qu'on allait se débarrasser de lui pour ensevelir dans l'ombre ses derniers crimes, et sauver ce nou- vel opprobre à sa famille. Comme ses pareils, cet homme était aussi lâche que féroce. Croyant son heure arrivée, il trembla convulsivement, seslè- rres blanchirent; d'une voix étranglée il cria : — Grâce!!.. — Il n'y a pas de grâce pour vous, dit Rodolphe. Si l'on ne vous brûle pas la cervelle ici, l'échafaud vous attend... — J'aime mieux l'échafaud... Je vivrai, au moins, deux ou trois mois encore... Qu'est-ce que cela vous fait, puisque je serai puni ensuite?... Grâce!... Grâce!... — Mais votre femme... mais voire fils... ils portent votre nom... — Mon nom est déjà déshonoré... Quand je ne devrais vivre que huit jours, grâce!... d'ailleurs, la Loi défend de se faire justice soi-même, reprit le Maître d'école avec assurance. — La loi! s'écria Rodolphe, la l o i ! . . Vous osez invoquer la loi, vous qui, depuis vingt ans, vivez en révolte ouverte et armée contre la société?... Le brigand baissa la tête sans répondre, pr.is il dit d'un ton plus humble : — Au moins, laissez-moi vivre, parpilié! faites-moi seule- nient arrêter comme coupable du crime d'aujourd'hui; ne parlez pas de l'autre.., laissez-moi la chance de sauver ma lêle... — Tu venx donc vivre? — Oui! oui! qui sait?... On ne peut pas prévoir ce qui ar- rivera, dit involontairement le brigand.