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  Le Maître d'école, étroitement garrotté, hors d'état de faire
un mouvement, est placé dans un grand fauteuil à roulettes,
au milieu du salon.
   Rodolphe n'est plus irrité : il est calme, triste,recueilli; il
va accomplir une mission solennelle et formidable.
   Le docteur est pensif.
   Le Chourineur ressent une crainte vague, il ne peut déta-
cher son regard du^regard de Rodolphe.
   Le Maître d'école est livide... il a peur... Une arrestation
légale lui eût paru moins redoutable peut-être, son audace ne
l'eût pas abandonné devant un tribunal ordinaire ; mais tout
ce qui l'entoure le surprend, l'effraye; il est au p o u v o i r d e
Rodolphe, et, à cette heure, Rodolphe lui apparaît terrible et
imposant comme la justice.
    Le plus profond silence règne au dehors. Seulement on en-
tend le bruit de la pluie qui tombe du toit sur le pavé.
   Rodolphe s'adresse au Maître d'école :
   — Echappé du bagne de Rocheforl, où vous avez été con-
damné à perpétuité pour crimes de faux, de vol et de meurtre,
vous êtes Anselme Duresnel...
   •— C'est faux; qu'on me le prouve! dit le Maître d'école
d'une voix altérée, en jetant autour de lui son regard fauve el
inquiet.
   — Comment, s'écria le Chourineur, nous n'étions pas en-
semble à Rocheforl ?
  Rodolphe fit un signe au Chourinenr, qui se tut.
   Le Maître d'école stupéfait, baissa la tête sans répondre.
   Rodolphe continua :
   — Vous tenteriez en vain de nier votre identité; vous êtes
Anselme Duresnel. Cette nuit vous avez ajouté un nouveau
crime aux crimes dont vous étiez déjà coupable: celte nuit
vous vous êtes introduit, à main armée, dans le jardin de celte
maison el vous avez poignardé un homme pour le voler
Vous ne pourrez plus commettre de méfaits à l'avenir; vous
allez mourir ici   Par pitié pour votre famille, on vous sau-