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490 Le Maître d'école, étroitement garrotté, hors d'état de faire un mouvement, est placé dans un grand fauteuil à roulettes, au milieu du salon. Rodolphe n'est plus irrité : il est calme, triste,recueilli; il va accomplir une mission solennelle et formidable. Le docteur est pensif. Le Chourineur ressent une crainte vague, il ne peut déta- cher son regard du^regard de Rodolphe. Le Maître d'école est livide... il a peur... Une arrestation légale lui eût paru moins redoutable peut-être, son audace ne l'eût pas abandonné devant un tribunal ordinaire ; mais tout ce qui l'entoure le surprend, l'effraye; il est au p o u v o i r d e Rodolphe, et, à cette heure, Rodolphe lui apparaît terrible et imposant comme la justice. Le plus profond silence règne au dehors. Seulement on en- tend le bruit de la pluie qui tombe du toit sur le pavé. Rodolphe s'adresse au Maître d'école : — Echappé du bagne de Rocheforl, où vous avez été con- damné à perpétuité pour crimes de faux, de vol et de meurtre, vous êtes Anselme Duresnel... •— C'est faux; qu'on me le prouve! dit le Maître d'école d'une voix altérée, en jetant autour de lui son regard fauve el inquiet. — Comment, s'écria le Chourineur, nous n'étions pas en- semble à Rocheforl ? Rodolphe fit un signe au Chourinenr, qui se tut. Le Maître d'école stupéfait, baissa la tête sans répondre. Rodolphe continua : — Vous tenteriez en vain de nier votre identité; vous êtes Anselme Duresnel. Cette nuit vous avez ajouté un nouveau crime aux crimes dont vous étiez déjà coupable: celte nuit vous vous êtes introduit, à main armée, dans le jardin de celte maison el vous avez poignardé un homme pour le voler Vous ne pourrez plus commettre de méfaits à l'avenir; vous allez mourir ici Par pitié pour votre famille, on vous sau-