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                   H I S T O I R E DE LA   GOUALEUSB.




   — Commençons d'abord par le commencement, dit le
Chourineur.
   — Oui..., tes parents ? reprit Rodolphe.
   — Je ne les connais pas, dit Fleur-de-Marie.
   — Ah! b a h ! lit le Chourineur.
   — El qui est-ce qui l'a élevée ? demanda Rodolphe.
   — Je ne sais p a s ! . , du plus loin qu'il m'en souvient,j'avais
bien, je crois, sept à huit ans, j'étais avec une vielle borgnesse
qu'on appelait la chouette, parce qu'elle avait un nez crochu,
un œil vert tout rond, et qu'elle ressemblait à une choutHe
qui aurait un œil crevé. La borgnesse me faisait vendre, ie
soir, du sucre d'orge sur le Pont-Neuf; manière de demander
l'aumône... Quant je n'apportais pas au moins dix sons en
rentrant, la Chouette me battait, au lieu de me donner à sou-
per.
   — Je comprends, ma fille, dit le Chourineur, un coup de
pied en guise de pain, avec des calottes pour mettre dessus.
   — Oh! mon Dieu, oui...
   — El lu es suie que celte femme n'était pas ta mère? de-
manda Rodolphe.
   — J'en suis bien sûre. La Chouette me l'a assez reproché
d'être sans père ni mère! Elle me disait toujours qu'elle m'a
vail ramassée dans la rue.
   — Ainsi, reprit le Chourineur, tu avais" une danse*1 pour
fricot, quand lu ne faisais pas une recette de dix sous.
   — Un verre d'eau par là-dessus, et j'allais grelotter Houle
la nuit dans une paillasse étendue par terre, cl dans laquelle
la borgnesse avait fait un trou pour me fourrer. Lejlendemain
matin, la borgnesse me donnait la même ration pour déjeu-
ner que pour souper, et j<: «n'en allais à Monlfaucon chercher