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570 Au premier rang, parmi les littérateurs qui se sonl ainsi distingués, il faut placer Eugène Sue. Un digne sentiment de patriotisme fil entrer cet auteur dans la carrière littéraire. Il a déclaré lui-même, dans une de ses préfaces, que son but, eu prenant la plume, fut de populariser en France l'intelligence des éminenls services que peut rendre la marine, et de faire naître la sympathie (le la nation pour ce puissant élément de la prospérité des peuples. Eugène Sue n'écrivit donc pas uni- quement pour s'enrichir ; il voulut que ses œuvres fussent utiles à son pays. Ses efforts obtinrent un plein succès : il eut la gloire de s'être ék-.ncé le premier dans une carrière féconde en patriotiques résultats. Cette louable conduite d'Eugène Sue lui créait un litre à l'attention et à la bienveillance du public; il a su, par la vi- gueur de son talent, justifier et accroître ces favorables dispo- sitions.Les nombreux ouvrages sortis de sa plume ont, presque Ions, donné la preuve d'une remarquable habileté. Son imagi- nation féconde a successivement abordé divers genres : il a dé- peint tour-à -loiir, et avec bonheur, les grandes scènes de la vie maritime, les riches tableaux que présentent les r é - gions in;erlropicales et les intéressants épisodes de la vie du grand monde. Possédant à la fois les qualités littéraires de liulwer, de Cooper et de Dickens, il a su se créer un genre spécial, attrayant, varié, qui a séduit ses lecteurs. Toutefois, Eugène Sue n'a pas réussi de prime abord à conquérir celte place élevée à la quelle il est maintenant parvenu. Son beau talent et sa haute intelligence ne l'on! pas préservé des fascinations qui égaraient la littérature au moment où il entra dans la carrière. Lui aussi sacrifia au mauvais goût qui, pendant quelques années, domina sur les œuvres litté- raires ; lui aussi représenta le vice sous de brillantes couleurs, lui aussi montra la perversité et le crime honorés et triom- phants, la vertu misérable et conspuée. La Salamandre, Alar- Gull, Plich Plok, et quelques autres ouvrages de cet écrivain., portent un déplorable cachet de sophisme et de relâchement