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44G ei de bon goût. J'enrichirai le livre de plusieurs estampes al- légoriques. Je pourrai bien y joindre la statue équestre avec mes inscriptions, et des médailles pour faire des leçons à ceux qui s'en mêlent et qui n'y entendent rien, quoiqu'ils soient payés pour bien faire. » Yoici la seconde lettre : « Je n'ai pas été surpris, Monsieur, que la brigue ou le mauvais goût ait prévalu dans la province, puisqu'elle p r é - vaut tous les jours dans Paris et à Ja cour m ê m e ; il est vrai que l'on n'est pas longtemps à se repentir de l'avoir écoutée, mais c'est toujours autant de pris sur l'ennemi. Cardenio, qui avait supplanlé mon Esope, a été si universellement sifflé et h u é , que son auteur en a mérité une place distinguée dans le régiment de la Calotte ; je vous envoie le brevet qui la lui ac- corde; l'auteur des inscriptions n'a pas même assez démérite pour s'attirer un pareil honneur, et ce serait beaucoup lui en faire que de le mettre au nombre des goujats delà littérature; l'on m'écrit que c'est le P. Colonia^ mais je l'aurais bien deviné sans cela; il ne peut sortir du sac que ce qui y est; la caque sent toujours le hareng, car son ouvrage est si plat qu'il est digne des proverbes les plus communs ; le titre de Maximus, qu'il donne à Louis XIV, qui s'était toujours contenté de celui de magnus, ne réveille-t-il pas le trait de satire des Hollan- dais : Ludovicus magnus, Guillelmus maximus? De plus, ce litre n'a jamais été donné qu'aux souverains pontifes, et moins par rapport à leur mérite personnel qu'à cause de l'excellence de leur dignité. Quelle pitoyable consonnance : Consules Lug- dunenses ! mais ce n'est rien en comparaison du salvatori suo. En vertu de quoi est-ce que Louis XIV mérite le titre de sau- veur à l'égard de Lyon? A-t-il sauvé cette ville de la main des ennemis? L'a-t-il préservée de quelque malheur funeste, ou l'a-t-il rétablie, après avoir été brûlée, comme elle le fut sous Néron, qui lit présent de trois millions pour la ré- tablir? « Le titre de sauveur ne convient qu'à celui qui tire un autre