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dre à vivre; mais il fut bien surpris, quand je lui fis voir que
quelque corrigée qu'elle fût, celle inscription n'était point
digne de sa muse. « JN'eûl-il pas été plus juste, lui dis-je,
« d'exprimer que l'art des gladiateurs, en déchirant autrefois
« les vivants, augmentait le nombre des morts, au lieu que
« l'art de la chirurgie en déchirant les morts, conservait le
« nombre des vivants ? » Comme il me répondit qu'il y avait
trop de matière dans ce raisonnement pour être compris dans
deux vers, je lui présentai ceux-ci qui lui prouvèrent que la
chose n'était pas si difficile qu'il le pensait :

       Corpora viva secans, morti Å“re lanista favebat ;
            Chirurgus v'ttîe morlua ililanians (1).

Ce n'était pas là, sans doute, cç qu'il fallait à Sanlcul ; car,
ces vers ne valent pas mieux que tant d'autres du pauvre
Gacon.
   Les poésies latines que Gacon adressait à l'Académie sont
probablement les mêmes qui se trouvent aux manuscrits do
la bibliothèque parmi les œuvres de Gacon, tome III. Ce sont
des traductions en vers hexamètres de plusieurs fables de la
Fontaine, mais en vers si prosaïques et si mal tournés, qu'ils
ne feraient pas honneur à un élève de troisième.
   Quant aux inscriptions pour lastatue cqucslrede Louis XIV,
Gacon se donnait beaucoup de peine afin d'en trouver ou d'en
faire qui fussent bonnes. Je vais recueillir tout ce que sa cor-
respondance inédite nous fournit de documents sur ce sujet.
   Le 10 septembre 1717, son frère lui écrivait :
   « .... J'ai aussi parlé de votre inscription à M. notre prévôt
des marchands qui l'a fort goûtée. Messieurs de l'Académie
des inscriptions en ont fait qui copient presque mot à mot
celles de la place de Vendôme, et que l'on aurait grand'peine
à lire, parce qu'étant fort longues, elles seraient entièrement
cachées par les deux fleuves de MM. Coustou. On a rendu


  (1) Å’uvres de Gacon, toin. III.