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421 poque à jamais mémorable commençait où les deux nationalités française et allemande se formaient ; où les deux peuples, réunis sous le sceptre de Charlemagne et de son fils, se séparaient et pour la langue, et pour les intérêts. « Les deux rois cependant, en face de leurs troupes réunies sur le sol de notre cité, jurèrent de demeurer fidèles à leurs liens fra- ternels. Louis d'Allemagne prononça son serment en langue fran- çaise ; Charles le dit en langue tudesque, et les acclamations des deux peuples ratifièrent la parole des deux rois. « Depuis lors, les deux peuples se sont rencontrés sur bien des champs de bataille, quelquefois en alliés, plus souvent comme en- nemis ; les serments de Louis et de Charles avaient duré ce que durent les serments politiques. « Aujourd'hui, dix siècles après ce pacied'alliance entre les deux nations, les délégués de deux armées se sont aussi rencontrés dans les murs de Strasbourg ; ce- sont les apôlres pacifiques de la science, delà littérature, des arts qui se sont serrés les mains ; mais dans leurs rangs on n'a point vu briller d'armes au soleil ; dans l'arène où ces missionnaires sont descendus, on n'a fait usage que du glaive de la parole; et les éclairs qui ont jailli de plus d'un esprit ingénieux, de plus d'une noble intelligence, ont été les seules foudres de cette guerre toute courtoise, et toute au service d'une déesse voilée, mais couronnée d'un diadème lumineux, au service d'une reine que le monde révère sous le nom de Vérité. « Oui, Messieurs, nous sommes tous les humbles, mais les cou- rageux champions de la vérité. Les uns cherchent à réaliser le vrai dans les arts, les autres y aspirent par la voie de la philosophie ou de l'histoire; tous cherchent à soulever un coin du voile qui cache l'antique déesse. « Nous n'ignorons point que jamais nous n'arriverons à voir la vérité face à face; mais nous savons aussi que deux frères qui s'en- tr*aident dans une tendance commune, ont plus de chance d'at- teindre un résultat, fut-il circonscrit, qu'en restant isolés. Plus les savants d'Allemagne et de France concentreront leurs efforts, plus les laboureurs de la science dans les deux pays rivaux s'applique- ront à serrer les rangs, et plus sûrement ils arriveront à une con-