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410 remonter ce tableau, car les costumes ne varient pas en Chine comme en Europe; les rapports des voyageurs sur l'aspect ex- térieur et intérieur du pays, sur la physionomie et le costume des habitants civils et militaires, s'accordent presqu'en tous points, depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours. Au milieu de mon atelier, une table portée sur quatre figu- res dans le style tourmenté et furieux du XVliP siècle est, malgré l'anachronisme, couverte d'un doublier, ouvré à des- sins à jours; cette espèce de nappe qui fut en usage jusqu'au XVIe siècle ne servait que dans les banquets d'apparat; lors- qu'un seigneur voulait se venger d'un rival, il envoyait un hé- raut couper en deux la partie du doublier devant laquelle il était assis, et renverser son pain et son verre. Les convives n'avaient qu'une seule assiette. On ignorait les fourchettes ; des couteaux arrondis servaient à porter les mets à la bouche. On buvait dans des hanaps, eslamores, quarts-, après le repas, un page apportait à laver dans une riche aiguière, et les convi- ves s'essuyaient les mains au doublier; sur le mien, sont dis- posées mille choses étonnées de s'y rencontrer : des monstres chinois et des lampes romaines, une de ces grimaçantes figu- res qu'on trouve dans les tombeaux mexicains, quelques co- quilles aux couleurs brillantes, des vases égyptiens, des idoles gauloises, un charmant pied d'enfant en terre cuite, évidem- ment antique, un autre fragment représentant un enfant en- dormi, et la tête de ce pauvre Gravier, ex-payeur des lanciers rouges de la garde impériale, qu'une fatale liaison avec l'a- gent de police Leydet amena au bagne de Toulon où il mou- rut; une rose de Jéricho et un morceau de l'ancre de Lapey- rouse, qui me fut donné par M. Dumont-d'Urvilie, envoyé à la recherche du bâtiment de ce malheureux capitaine. M. Du- mont apprit à Hobbart-Town dans la terre de Van Diemen que le capitaine Dilion avait trouvé des traces de Lapeyrouse à Yanicoro; il se dirigea sur cette île et en fit explorer les res-