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et à un autre but. Ainsi la philosophie a opposé à la charité
la philanthropie ou la bienfaisance. La création tant célébrée
de ce dernier mot était un signe qu'il n'y avait plus de lien
commun des esprits. La philosophie ne pouvait s'abstenir de
communier avec les hommes parles bienfaits. Elle voulut avoir
son mot, de même que la religion avait le sien; mais ce n'é-
tait pas à un abbé (i) de l'inventer. Le saint-simonisme n'a
sans doute découvert aucun sentiment nouveau, mais il en a
exalté plusieurs et il en restera trace dans la langue.
   Notre époque ne s'en est pas tenue à la langue du siècle
de Louis XIV. Alors, comme les arts étaient une pratique
sans théories approfondies et développées, comme les savants
n'étaient que des individus isolés, comme la vie politi-
que était nulle, il n,'y avait presque ni langue esthétique, ni
langue scientifique, ni langue politique, excepté celle qui suf-
fit aux rapports très peu compliqués d'une monarchie. L'im-
portance nouvelle de ces divers ordres d'idées réclamait pour
eux des langues spéciales et complètes. D'abord parlées dans
un petit cercle, elles devaient se mêler en partie à la langue
générale; quelques notions partout répandues de chaque science
en font bientôt passer les expressions dans le langage ordi-
naire, soit au propre, soit au figuré. Bien des mots, à la vérité,
ne cessent jamais d'appartenir à la nomenclature et à la ter-
minologie, mais toutes les fois qu'une découverte se vulgarise
son nom passe avec elle dans le domaine public. Il est donc
important que les savants ne forment pas au hasard les mots
nouveaux qui leur sont nécessaires. Le public s'en inquiète peu
pensant que cela les regarde seuls et ne prévoit pas que bientôt
il sera forcé d'adopter un mot barbare ou mal venu.
   Parce que la langue des sciences est mobile comme les
sciences elles-mêmes, on a prétendu que la langue commune

  (•>.) L'abbé de SM'ivnw