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la Grèce a esté l'eschole de toutes les sciences. Voilà comment
 un jour les disciples auront le bruit d'avoir esté les mais-
 tres (1). » « J'en oy beaucoup, dit-il encore, qui se servent
 tant à rebours et à contrepoil, (s'il est loisible d'ainsi parler),
des mots qu'ils ont pris grand peine à ramasser de çà et de
là, qu'ils exposent notre langue en risée aux estrangers, re-
congnoissans leurs mois si mal appliquez. En quoy tels ra-
masseurs me font souvenir de celuy qui se cuidant parer de
la robe d'autruy, comme estant sienne, à faulte d'en scavoir
  l'usage, la portoit à l'envers (2). »
    La langue nouvelle, selon Pasquier, ne devait pas être un
dialecte prévalant sur les autres, mais un choix fait dans tous
les dialectes : « La pureté de noslre langue ne fait sa demeure
ni en la cour du roy, ni au palais.... Je suis d'advis que cesle
pureté n'est restrainle en un certain lieu ou païs, ains esparse
par toute la France. Non que je vueille dire qu'au langage
picard, normand, gascon, provençal, poitevin, angevin, ou
 iels autres, séjourne la pureté dont nous discourons. Mais,
 lout ainsi que l'abeille volette sur les unes et autres fleurs,
dont elle forme son miel, aussi veux-je que ceux qui auront
quelque asseurance de leur esprit, se donnent loy de fureter
par toutes les autres langues de noslre France et rapportent
à nostre vulgaire tout ce qu'ils trouveront digne d'y estre ap-
proprié (3). »
    Ce vœu n'a pas été réalisé, et chaque idiome local est loin
d'avoir porté à la langue définitive le tribut de tous ses mois
les meilleurs. Rarement une langue a résulté de la fusion
des dialectes provinciaux. En effet, l'époque où se for-
me la langue d'un peuple est presque toujours délermi-

  ( 0 Traitd de ta Conformité,    Préface.
  0»)      là.
  (!) Etienne Pasquier : livre I I , lettre X I I .