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30.1 çaise, une compensation par la faculté d'accentuer telle ou telle syllabe suivant les nuances du sens. Cette variété un peu uniforme d'accents stéréotypés, cette musique notée et connue d'avance était loin de donner aux langues ce carac- tère intellectuel qu'elles reçoivent d'un accent facultatif et mobile. L'allemand a un accent tonique invariable, mais comme il repose sur la syllabe radicale de chaque mot, rien n'est plus rationnel et plus méthodique (1). Tout, dans la comparaison des langues modernes avec les langues antiques, nous montre l'homme s'affranchissant de la domination du monde extérieur ; partout nous voyons la ré- flexion réagir contre la sensation. Fatalement modifié par l'action des objets sur ses sens, l'homme les voit et les nomme d'abord, et la construction inverse, qui est celle des langues antiques, témoigne que les impressions vinrent à lui avant qu'il n'allât à elles, qu'il entendit avant d'écouter. Enfin, i) cesse d'être un miroir où la nature reflète ses images, il se fait centre; les sensations voulues et cherchées succèdent à l'état passif, et dès lors la construction directe place en pre- mière ligne dans la phrase le sujet qui perçoit. C'en est assez, je pense, pour démontrer que l'étude des procédés de l'esprit dans la formation des langues doit loul précéder, et que celle d'une langue en particulier doit s'ap- puyer sur ces généralités. La comparaison d'un certain nom- bre d'idiomes avec celui qui est l'objet d'une attention spéciale doit à son tour y porter la lumière. Une autre utilité peut en être retirée, et la philologie rendraiI ainsi à l'histoire les services que souvent elle en a reçus : c'est dans leur langue que les peuples laissent l'empreinte la plus profonde de leur génie; la trace de leurs sentiments intimes, de leurs idées do- minantes y est partout visible. Le langage pourra donc con- (r) Eichhoff.