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 son site heureux et ses beaux fleuves. Je ne rapporterai point ces
 productions de leur muse, ne fût-ce que par cette seule raison, que
 des vers latins d'une époque française manquent de ce caractère
 historique d'où ils tireraient leur intérêt le plus puissant : qu'il me
 suffise de mentionner les noms des plus illustres de ces poètes, ceux
 du chancelier de l'Hôpital et des pères Yanière et Commire (1). Mais
je ne puis me dispenser de reproduire ici les vers élégiaques de
 Scaliger (2) : non qu'ils me paraissent supérieurs à ceux des écri-
 vains que je viens de nommer, bien au contraire; non que je les
 compare aux plus médiocres vers des anciens; mais parce que, ins-
 crits autrefois à l'Hôtel-de-Ville de Lyon, ils sont devenus, en quel-
 que sorte, un des monuments de notre cité. Les voici :
           Fulmineis (5) llhodanus qua se fugat incilus midis,
              Quaque pigro dubital Jlumhie ttntus Arar,
           Ltigdunum jacet, anliquo novus orbis in orbe,
              hugdunumve vêtus orbis in orbe novo :
                                                                       v
           Quod nolis, alibi quœras : hic quœre quod optas;
              Aut hic, mit nusquam vincere vota potes (4).


née par M. de Saint-Surin, tome lit, p. 101-108. Dans une pièce latine inti-
tulée : Satyra (même édition lotir. II, p. 565), ce n'est peut être pas sans
malice qu'il dit :
             SicMaro, stc Flaccus, sic nostro sœpe Tibullus
             Carminé disjecti vano pueriliter orc
             Bullatas nugas sese stupuere loquentes.
   Enfin, dansune lettre à Brosselle (tome IV, p. 418), à l'occasion de vers
français faits par un Portugais, il soumet à l'Académie de Lyon cette question :
« Si on peut bien écrire dansune langue mortel' » et il dit, entr'autres choses
piquantes : « C'est une étrange chose que d'écrire dans une langue étrangère,
« quand nous n'avons pas fréquenté avec les naturels du pays; el je suis
« assuré que si Térence et Cicérou revenaient au monde, ils riraient à gorge
« déployée des ouvrages latins des Fcrnel, des Satinazar et des Muret. »
   (1) On peut voir leurs vers dans tes Mélanges de M. Bréghol du Lut,
pages 10, 25 et 25.
   (2) Vrb. édit. 1600, p. 554.
  (5) Sur la pierre de î'Hôtel-de-Ville ou lisait flumineis, faute évidente.
  (4) J'en demande pardon aux hommes qui n'ont que des admirations tradi-
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