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Sous ces zones brûlantes, où l'hiver^ plus fécond que l'été de nos climats, laisse écîore el mûrir, aux bords des grandes routes, parmi les roses et les grenades, des fruits qui mourraient étiolés pendant nos chaleurs, on Irouve dans toutes les saisons les pâtres, et en général tous les noirs, accroupis avec bon- heur devant un brasier. II. — Dans nos montagnes d'Europe, la nature a moins de force que sous le tropique; il y a moins d'éclat dans sa variété, elle étonne peut-être moins, mais elle n'est pas moins imposante dans son calme sévère : on voit que l'une donne tout ce quelle peut donner, il semble que l'autre contienne sa puissance el nelivre que ce qu'elle veut. La Suisse, par l'abondance et la paix qui régnent dans ses admirables vallées, par ses mœurs hospitalières, par l'élégance du costume de ses cantons, et par sa population entière de chasseurs e l d e pâtres, repro- duit pour les temps modernes l'idylle et l'églogue des premiers âges. Par une opposition bizarre à peine en a-t on franchi les frontières du côté du Genevois et du Carouge, que toui-à -coup on ne trouve plus que des montagnes arides, sévères, presque menaçantes, des terrains appauvris, et toute une population dans les haillons de la misère. C'est la Savoie. Il faut bien se garder cependant de détourner le regard de ce pays en appa- rence déshérité. Ici se conservent dans leur éclat des vérins qui sont toute autre part ternies, et la délicieuse vallée dans laquelle repose le lac nonchalant d'Annecy, celle plus déli- cieuse encore où s'agite le lac du Eourgct, pourront rappeler, ainsi que le frais séjour d'Aix-les-Bains el les environs de Chain- béry, les siles les plus pittoresques qu'on ait parcourus. Les pâtres de la Savoie., plus vigoureux qu'agiles, d'une taille plus élevée que bien prise, l'œil vif, la pbj'sionomie ouverte, sont