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S il) Ont les chanoines à grand plenlé (abondance) Ils sont trop nettement vêtus, Et bien chaussés et bien j>éus (nourris) ! C'est dommage, Guiot, que tu n'es point entré chez les chanoines de Saint-Augustin. II est encore un ordre qui sourirait assez à notre auteur, n'était un grave inconvénient, qu'il ne manque pas de nous signaler. Au Temple fusse (je serais) c'est la voire (vérité), Plus volontiers qu'en l'ordre noire, Ni qu'en nulle ordre que je voie ; Mais pour rien je ne combattroie. Bonne ordre ont, et belle, sans faille (fausseté) ; Mais ne me sied pas la bataille. Guiot serait bon soldat, s'il ne fallait pas se battre. La bra- voure n'est pas son fait. Il s'étonne beaucoup qu'il y ait au monde des gens qui en bataille ne fuient pas. Quant à lui, son parti est bien pris ; s'il était Templier, il ne ferait pas tant de façons, S'en leur ordre rendus étais (si j'étais dans leur ordre) Tant sais-je bien qu« je fuierais. Quatre fois Guiot revient snr cette honteuse déclaration qu'il croit sans doute bien spirituelle. Ce qu'il y a de piquant c'est qu'entre ces grossiers axiomes de la vie animale se trouvent semées des exhortations à l'humilifé, à la pureté, à l'obéissance, paciGques vertus qui assurent la possession de la vie future, sans compromettre la sécurité de la vie présente ; l'éloge qu'en fait notre poète se termine par ce refrain où il ramène le souvenir des Templiers : Mais ils se combattront sans moi. On voit qu'à côté de ses Don Quichottes, le XIIIe siècle avait aussi ses Sancho-Pansas. Une fois sorti des moustiers, le satirique passe en revue les diverses classes de la société, entre autres les théologiens, et les égistes ; je m'empresse d'arriver aux médecins; c'est procéder par gradation : le fer des Templiers n'était redoutable qu'aux infidèles.