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229 lui un roi français, un prince chevalier, une intelligence culti- vée, un modèle de vertus. Représentons-le tel qu'il fut, colère, sauvage, impétueux, barbare, sacrifiant sa famille à l'intérêt, non pas de sa politique, le mot et la chose n'existaient pas pour lui, mais à l'intérêt de sa cupidité et d'un instinct de do- mination brutale et matérielle qu'il sentait sans le définir. N'allons pas, non plus, faire de Charlemagne un roi constitu- tionnel : voyons en lui un grand homme, sans doute, mais un Germain qui reçoit, avec quelque peine, les lueurs de la civili- sation romaine ; l'œuvre qu'il a tentée ne nous paraîtra que plus admirable lorsque nous verrons clairement combien peu elle dut être comprise. Exaltons, aussi haut que possible, les vertus surhumaines de St-Louis ; mais n'allons pas en faire le type , l'idéal des rois. A côté de ses vertus, montrons et son intolérance, et ses scrupules impolitiques, et sa faiblesse à l'égard des étrangers. Nous n'enlèverons rien à sa gloire ; nous prouverons seulement que, supérieurà son siècle sur une foule de points, il se ressentait par quelques autres des pré- jugés et des misères de son temps. N'oublions pas que Louis XII, vrai père du peuple à l'intérieur du royaume, se montra rusé, artificieux avec maladresse, sans doute, mais avec Je vif désir d'être digne de ses bons amis Alexandre YI et César Borgia, lorsqu'il descendit en Italie. Laissons à François Ier sa gloire militaire de Marignan et son titre de Père des lettres; mais ne lui ajoutons pas des titres usurpés ; n'allons pas en faire un roi chevalier ; la loyauté n'était ni dans les idées de son temps ni dans les tendances de son esprit ; rendons à l'imagination du père Daniel, le célèbre billet : Tout est perdu, fors l'honneur, inconnu de tous les historiens du XVF siècle, et que François I er n'écrivit jamais. Dans notre désir d'être im- partiaux et de présenter les faits tels qu'ils furent et non tels que l'imagination les a peints quelquefois, ne craignons pas de tou- cher même à la popularité récente de Henri IV. Brisons cette