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  lui un roi français, un prince chevalier, une intelligence culti-
  vée, un modèle de vertus. Représentons-le tel qu'il fut, colère,
 sauvage, impétueux, barbare, sacrifiant sa famille à l'intérêt,
 non pas de sa politique, le mot et la chose n'existaient pas
 pour lui, mais à l'intérêt de sa cupidité et d'un instinct de do-
 mination brutale et matérielle qu'il sentait sans le définir.
 N'allons pas, non plus, faire de Charlemagne un roi constitu-
 tionnel : voyons en lui un grand homme, sans doute, mais un
 Germain qui reçoit, avec quelque peine, les lueurs de la civili-
 sation romaine ; l'œuvre qu'il a tentée ne nous paraîtra que
 plus admirable lorsque nous verrons clairement combien peu
 elle dut être comprise. Exaltons, aussi haut que possible, les
 vertus surhumaines de St-Louis ; mais n'allons pas en faire le
 type , l'idéal des rois. A côté de ses vertus, montrons et
 son intolérance, et ses scrupules impolitiques, et sa faiblesse
 à l'égard des étrangers. Nous n'enlèverons rien à sa gloire ;
 nous prouverons seulement que, supérieurà son siècle sur une
foule de points, il se ressentait par quelques autres des pré-
jugés et des misères de son temps. N'oublions pas que Louis
XII, vrai père du peuple à l'intérieur du royaume, se montra
rusé, artificieux avec maladresse, sans doute, mais avec Je vif
désir d'être digne de ses bons amis Alexandre YI et César
Borgia, lorsqu'il descendit en Italie. Laissons à François Ier sa
gloire militaire de Marignan et son titre de Père des lettres;
mais ne lui ajoutons pas des titres usurpés ; n'allons pas en
faire un roi chevalier ; la loyauté n'était ni dans les idées de
son temps ni dans les tendances de son esprit ; rendons à
l'imagination du père Daniel, le célèbre billet : Tout est perdu,
fors l'honneur, inconnu de tous les historiens du XVF siècle,
et que François I er n'écrivit jamais. Dans notre désir d'être im-
partiaux et de présenter les faits tels qu'ils furent et non tels que
l'imagination les a peints quelquefois, ne craignons pas de tou-
cher même à la popularité récente de Henri IV. Brisons cette