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enveloppe puérile, maniérée, sentimentale, que Voltaire a in-
ventée le premier, et nous trouverons dans Henri IV un grand
roi assurément, le restaurateur de l'ordre à l'intérieur, le pa-
cificateur des partis, l'ennemi sérieux et intelligent de la mai-
son d'Autriche ; mais nous ne verrons pas un bon roi, dans ce
gascon rusé, plein de roueries et d'artifices, qui trahit ou
abandonne ses amis; achète ou corrompt les chefs de la Ligue;
l'ail des discours insinuants et remplis d'une bonhomie appa-
rente, mais qui écrase le peuple sous des impôts ruineux et se
rit de ses misères. Réservons, au contraire, noire reconnais-
sance el notre admiration pour Colbert et Richelieu, les deux
hommes de l'ancienne monarchie auxquels la France a dû le
plus de services, et que les historiens ont le moins loués. En
agissant ainsi, nous n'enseignerons pas l'histoire suivant la tra-
dition, je le veux bien ; mais nous l'enseignerons suivant la
vérité.
    Tel est le point de vue sous lequel nous devons envisager
l'histoire, Une seule question nous reste à traiter en quelques
mots : quels seront, pour les générations nouvelles, les résul-
tats de ces fortes et sérieuses études que nous nous efforçons
de propager depuis quelques années seulement 2 L'histoire,
on l'a dit souvent, est une expérience anticipée. Elevées par
ses graves leçons, les générations nouvelles ne tomberont pas
dans les écarts des générations passées. Livrées à elles
seules, sans contre-poids, s'abandonnant à un enthousiasme
irréfléchi, les études classiques eurent, au XVIir siècle, de
funestes conséquences. Des jeunes gens, nés pour vivre dans
fine monarchie, ne connaissaient que les gloires des républi-
ques d'Athènes et de Rome. Les éloges académiques, amplifi-
cations pompeuses, sans portée, sans critique, leur représen-
taient comme des demi-dieux, et Démosthène, et Cicéron, et
lirutus, et Cassius. On se gardait de leur montrer combien cri-
minel, et môme combien inutile, avait été l'assassinat politi-