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230 enveloppe puérile, maniérée, sentimentale, que Voltaire a in- ventée le premier, et nous trouverons dans Henri IV un grand roi assurément, le restaurateur de l'ordre à l'intérieur, le pa- cificateur des partis, l'ennemi sérieux et intelligent de la mai- son d'Autriche ; mais nous ne verrons pas un bon roi, dans ce gascon rusé, plein de roueries et d'artifices, qui trahit ou abandonne ses amis; achète ou corrompt les chefs de la Ligue; l'ail des discours insinuants et remplis d'une bonhomie appa- rente, mais qui écrase le peuple sous des impôts ruineux et se rit de ses misères. Réservons, au contraire, noire reconnais- sance el notre admiration pour Colbert et Richelieu, les deux hommes de l'ancienne monarchie auxquels la France a dû le plus de services, et que les historiens ont le moins loués. En agissant ainsi, nous n'enseignerons pas l'histoire suivant la tra- dition, je le veux bien ; mais nous l'enseignerons suivant la vérité. Tel est le point de vue sous lequel nous devons envisager l'histoire, Une seule question nous reste à traiter en quelques mots : quels seront, pour les générations nouvelles, les résul- tats de ces fortes et sérieuses études que nous nous efforçons de propager depuis quelques années seulement 2 L'histoire, on l'a dit souvent, est une expérience anticipée. Elevées par ses graves leçons, les générations nouvelles ne tomberont pas dans les écarts des générations passées. Livrées à elles seules, sans contre-poids, s'abandonnant à un enthousiasme irréfléchi, les études classiques eurent, au XVIir siècle, de funestes conséquences. Des jeunes gens, nés pour vivre dans fine monarchie, ne connaissaient que les gloires des républi- ques d'Athènes et de Rome. Les éloges académiques, amplifi- cations pompeuses, sans portée, sans critique, leur représen- taient comme des demi-dieux, et Démosthène, et Cicéron, et lirutus, et Cassius. On se gardait de leur montrer combien cri- minel, et môme combien inutile, avait été l'assassinat politi-