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 sont éclairées, si la science s'infiltre peu à peu dans toutes les
 classes de la société, ce pays, lors même qu'il n'y surgirait au-
 cun homme supérieur, ne serait-il pas au-dessus de celui qui
 produirait quelques grands esprits, sans sorlir de son igno-
 rance ? D'ailleurs, et cette idée sera facile à démontrer, il est
incroyable quelle ignorance complète a régné, jusqu'à nos
jcirs, même chez nos plus célèbres historiens, sur une foule
de points de notre histoire nationale. L'origine des Francs,
leur établissement dans la Gaule, et la nature de leurs con-
quêtes ; le caractère de l'administration de Charlemagne et
surtout de ses assemblées ; les causes de la formation du ré-
gime féodal; son caractère et ses résultats; les Etats-Généraux
et les Parlements ; l'organisation des Communes ; l'origine de
la distinction profonde entre le Tiers-Etat et la Noblesse ;
toutes ces graves et importantes questions, discutées dans les
siècles derniers, n'avaient donné lieu qu'à des hypothèses, à
des systèmes contradictoires, à des paradoxes insoutenables (1).
De nos jours seulement, elles ont reçu une solution ration-
nelle et satisfaisante, grâce â une critique plus éclairée, sur-
tout plus impartiale ; à une science plus étendue ; grâce,
enfin, aux circonstances elles-mêmes. Après avoir assisté,
comme acteur ou comme témoin, aux terribles bouleverse-
ments qui se sont accomplis de nos jours, le dernier homme de
bon sens de notre époque comprend infiniment mieux la révo-
lution d'Angleterre, par exemple ; le mouvement communal
du moyen-âge, et ce travail démocratique qui, à la fin du XIVe
et au commencement du X V siècle, agita à la fois la Flandre,
l'Angleterre et la France, que ne pouvaient les comprendre,
au milieu d'une société calme et régulière, Montesquieu, Vol-


   (i) Tout ie monde a lu, sur ce point, le beau travail de M. Aug. Thierry,
intitulé : Considérations sur l'Histoire de France, et publié en tète des Récits des
temps mérovingiens.