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locaux. Mais leurs tentatives avaient modifié la forme plus
que le fond, et les améliorations, introduites par eux, s'étaient
trop souvent arrêtées à la surface. Le Tiers-Etat, longtemps
dédaigné, entreprit d'achever l'œuvre si glorieusement inau-
gurée par la royauté. Centraliser l'action de toutes les forces
nationales ; diviser, non plus les hommes par des noms dis-
tincts, mais le territoire seul, pour y faire pénétrer plus
promptement la puissance de l'administration ; réunir plu-
sieurs millions d'hommes par la communauté des sentiments
et des idées ; en un mot, créer un pouvoir central qui puisse,
avec la plus grande célérité possible, transmettre ses ordres
jusqu'aux extrémités de l'empire et, d'autre part, faire re-
monter par des pouvoirs locaux, puissants pour obéir, im-
puissants pour faire le mal, les hommes et les ressources dont
le pouvoir central a besoin, tel est le double problème que tous
les législateurs ont essayé de résoudre, et que la révolution
française a résolu.
    La révolution, proprement dite, avait du moins résolu ce
problème dans l'ordre matériel. Lorsque finit le XVIIIe siè-
 cle, le territoire français avait reçu les divisions qu'il a conser-
 vées ; la France avait l'unité législative, l'égalité civile, plu-
 sieurs libertés précieuses, une administration constituée dans
plusieurs de ses branches. Mais il fallait appliquer cette idée
 dans l'ordre moral comme on l'avait appliquée déjà dans l'or-
 dre matériel ; il fallait surtout propager les principes qui ve-
 naient de changer la face du monde ; et initier les générations
 futures à ces idées sur lesquelles reposait l'avenir. JVapoléon ne
 chercha pas, comme on l'a dit souvent, à réagir conlre la ré-
 volution ; son but fut au contraire d'en assurer la durée, d'en
 coordonner, d'en consolider les résultats. Le même esprit qui
 dicta le Code civil, créa l'Université.
    L'Université de France a remplacé les Universités locales
 du moyen-âge, comme nos codes ont remplacé les lois ou les