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21-i locaux. Mais leurs tentatives avaient modifié la forme plus que le fond, et les améliorations, introduites par eux, s'étaient trop souvent arrêtées à la surface. Le Tiers-Etat, longtemps dédaigné, entreprit d'achever l'œuvre si glorieusement inau- gurée par la royauté. Centraliser l'action de toutes les forces nationales ; diviser, non plus les hommes par des noms dis- tincts, mais le territoire seul, pour y faire pénétrer plus promptement la puissance de l'administration ; réunir plu- sieurs millions d'hommes par la communauté des sentiments et des idées ; en un mot, créer un pouvoir central qui puisse, avec la plus grande célérité possible, transmettre ses ordres jusqu'aux extrémités de l'empire et, d'autre part, faire re- monter par des pouvoirs locaux, puissants pour obéir, im- puissants pour faire le mal, les hommes et les ressources dont le pouvoir central a besoin, tel est le double problème que tous les législateurs ont essayé de résoudre, et que la révolution française a résolu. La révolution, proprement dite, avait du moins résolu ce problème dans l'ordre matériel. Lorsque finit le XVIIIe siè- cle, le territoire français avait reçu les divisions qu'il a conser- vées ; la France avait l'unité législative, l'égalité civile, plu- sieurs libertés précieuses, une administration constituée dans plusieurs de ses branches. Mais il fallait appliquer cette idée dans l'ordre moral comme on l'avait appliquée déjà dans l'or- dre matériel ; il fallait surtout propager les principes qui ve- naient de changer la face du monde ; et initier les générations futures à ces idées sur lesquelles reposait l'avenir. JVapoléon ne chercha pas, comme on l'a dit souvent, à réagir conlre la ré- volution ; son but fut au contraire d'en assurer la durée, d'en coordonner, d'en consolider les résultats. Le même esprit qui dicta le Code civil, créa l'Université. L'Université de France a remplacé les Universités locales du moyen-âge, comme nos codes ont remplacé les lois ou les