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 coutumes de chacune des provinces. Elle a remis, entre les
 mains de l'Etat, une force, une puissance, une autorité, dont
 l'Etat ne peut se dessaisir, sans courir le danger de livrer les
 plus puissants moyens d'action et d'influence à ceux-là mêmes
 qui se proclament ses ennemis ; sans compromettre l'avenir,
 en abandonnant à la spéculation ignorante ou audacieuse
l'esprit, le cœur, la moralité des générations nouvelles. Créer
l'Université, ce n'était donc pas seulement s'emparer d'un
droit incontestable, c'était remplir un devoir. L'Etat peut seul
innover avec mesure, profiter des leçons de l'expérience,
essayer sur une vaste échelle les méthodes nouvelles, et don-
ner à la patrie des citoyens éclairés, ayant une instruction
complète ; parce que, seul, il peut diviser l'enseignement en-
tre un grand nombre de maîtres, suivant la spécialité de leurs
études, division sans laquelle aucun résultat solide et durable
ne peut être obtenu. Sur tous ces points, l'Université a digne-
ment répondu aux vues du grand homme auquel elle est fière
de devoir son origine ; elle a contribué à répandre les idées
nouvelles, à calmer les esprits, à mûrir les intelligences. Com-
bien grande a été son influence, c'est ce que prouve l'acharne-
ment môme de ses ennemis ; on n'attaque pas avec passion
une institution sans puissance et sans portée!
   Mais en rappelant que l'Université a été une des plus
grandes, une des plus fécondes idées de Napoléon, nous ne
voulons pas dire qu'elle ait été le premier jour ce qu'elle est
aujourd'hui. Elle ne serait pas digne de son nom si elle restait
stalionnaire ; car ce nom même indique qu'elle comprend,
dans un vaste ensemble, toutes les sciences humaines. Ainsi,
son premier devoir est, non pas d'innover brusquement, mais
d'améliorer dans une juste mesure ; de distinguer, parmi les
sciences qui viennent à faire de rapides progrès, celles qui les
doivent à une mode, à un pur caprice, et celles qui répondent
à un besoin réel des intelligences ; de suivre les progrès, l'es-