Revue du Lyonnais » série 1 - n°16 ( 1842 ) » pp.177

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 soumises à certaines règles Axes, mais n'altérant jamais l'es-*
sence môme du langage ou son identité primitive. C'est ainsi,
 que d'une famille, d'un rameau, d'une langue spéciale à l'au-
tre, ces divergences se font sentir avec une intensité toujours
moins forte, jusqu'à ce qu'elles se réduisent enfin à de sim-
ples désinences, à des nuances délicates et légères dans l'em-
ploi figuré de chaque mot. La clef de voûte de tout cet édifice,
le point central vers lequel aboutissent toutes ces modifications
 d'un même type, tous ces rayons partis d'un même foyer, est
sans contredit la langue indienne telle qu'elle existe dans les
livres des Brahmes, dépositaires des fastes de leur patrie, et
telle qu'elle se déploie majestueusement dans les quatre pério-
des de sa littérature. L'âge primitif et religieux, marqué
par les antiques Védas, est suivi des temps héroïques, illus-
 trés par les lois de Manus, par lesPuranas ou annales mytho-
 logiques, et par les deux poèmes gigantesques du Ramayan
 et du Mahabharat, dont les chantres, Yalmikis et Vyasas, à
la fois poètes et philosophes, apparaissent comme deux nobles
figures, rivales et contemporains d'Homère. Puis vient l'épo-
que élégante et polie où, peu de temps avant Virgile, Jaya-
dévas dans ses élégies pastorales, Kalidasas dans sa gracieuse
Sakuntala, surent tirer du luth indien les sons les plus suaves
et les plus purs. Ce fut aussi l'époque philosophique, érudite
et grammaticale, suivie bientôt de la décadence qui marqua
 les siècles postérieurs, et l'Inde, sœur aînée de l'Europe, at-
 teignait sa décrépitude quand celle-ci préludait à peine aux
merveilles de la renaissance. Toutefois sa langue lui est restée,
et cet idiome mélodieux et grave, divisé dès son origine en
Sanscrit, pracrit, pâli, zend, chez les peuples de l'Inde et de
la Perse ancienne, subsiste encore au fond de toutes les lan-
 gues parlées, non-seulement du Gange au Tigre, mais encore
de Ceylan à l'Islande et de la mer des Indes à l'Atlantique.
    Il suffit, en effet, de jeter un coup â'œil sur les éléments
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