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143 Le néant ne contient pas l'être; Dieu n'a pas lire l'homme du néant, il l'a tiré de lui-même; il a créé là où il n'y avait rien, mais il n'a pas créé avec du rien. L'existence de l'être créé n'est possible que par une communication perpétuelle avec l'être incréé, seule source de l'existence. L'homme doit donc conserver, pour ainsi parler, une racine par laquelle il aspire en Dieu la vie; cette racine, c'est la rationalité qui, for- mée de la substance même de l'infini, conserve encore ici-bas toutes les idées du beau, du vrai, du bien absolu. De même que le corps puise sa substance dans la réalité physique, l'être spiri- tuel puise la sienne dans la réalité intelligible ; l'existence de l'être créé implique nécessairement un élément impersonnel et divin qui le fait être. Le même élément, la même subslance qui, dans Dieu est la sagesse éternelle, dans l'humanité est la raison. Le premier élément de la nature humaine est donc la ra- tionalité. Il est, dans notre intelligence, une multitude d'idées qui ne peuvent pas venir des sens, parce que les sens ne nous don- nent que le relatif, et que ces idées s'imposent à nous comme x absolues ; ainsi, l'idée de substance, l'idée de cause, l'idée d'in- fini, etc. Bien plus, ces idées sont la condition logique de celles que fournissent les sens ; on ne peut concevoir l'idée de phénomène sans l'idée de substance. D'où dérivent ces idées nécessaires, impersonnelles, absolues; elle ne peuvent dériver que d'une source absolue, de la raison impersonnelle et di- vine ; l'homme a donc une faculté impersonnelle et divine, c'est la raison. Aussi l'observation psychologique confirme la donnée de l'ontologie. La raison, comme faculté de connaître, nous met dans un rapport immédiat avec la réalité, mais il faut distinguer le rayon rationnel, la subslance intelligible qui émane de Dieu, d'avec la raison toute psychologique. La raison esl l'œil, la