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132 des hommes sains, et il fit de ses disciples des êtres non- seulement maîtres d'eux-mêmes, mais doués encore de la vi- gueur physique. Ces deux attributs complètent l'homme. Cette prépondérance matérielle des Crotoniates formés à l'école de Pythagore, sur leurs contemporains se montra dans tout son jour lors de la victoire fameuse qu'ils remportè- rent sur les Sybarites. Dans toute l'histoire de Pytbagore, il n'est aucune circonstance aussi certaine et garantie par un aussi grand nombre de passages authentiques des anciens, que son existence et l'existence brillante de son école, dans le temps que les Crotoniates^ sous la conduite de l'athlète Milon, l'un de ses plus célèbres amis, vainquirent les Sybarites ; victoire qui eut lieu dans la quatrième an- née de la soixante-septième olympiade (1). Ce fait impor- tant se trouve dans l'histoire pour déposer en quelque sorte delà puisssance d'une doctrine, d'un haut enseigne- ment moral, sur les destinées temporelles d'un peuple. Les Sybarites, dont la mollesse est devenue proverbiale, s'étaient laissé séduire par les enchantements d'un climat délicieux et les douceurs de l'oisiveté, tandis qu'à côté d'eux grandissait une tribu, vierge de tout excès sensuel, forte de ses pratiques hygiéniques ; aussi le nombre ne fit rien, quand l'heure de la lutte eût sonné, la victoire dut rester aux mains de ceux qui avaient la suprématie morale jointe à l'énergie d'action (2). Milon de Crotone ne doit plus représenter la force bru- tale, mais la supériorité organique et morale. Initié aux (1) "Voy. Meiners, loc. cit. p. 81. Diod. XIII. Cic. Tuscul. quoesl.l. 16. Porphyre, p. 54. (2) Selon Strabon, VI, 404, les Sybarites armèrent trois cent mille hommes contre les Crotoniates, et ceux-ci leur en opposèrent cent mille qui les défirent complètement.