Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 111
ruisseau dans lequel il y aura toujours une certaine quantité
d'eau courante (1).
   Une chaîne de montagnes dénudée fournira donc subitement
au fleuve une grande masse d'eau bourbeuse, tandis que
la chaîne boisée lui fournira constamment une quantité
d'eau moins variable.
   Nous avons donc en notre pouvoir le moyen de rétablir
une certaine régularité dans le régime de nosfleuves,et on ne
saurait trop encourager le gouvernement à continuer les essais
qu'il a faits pour reboiser nos montagnes, à persévérer mal-
gré les criailleries des éleveurs de chèvres.
   Mais, en attendant que cette végétation soit rétablie sur
toutes ces pentes arides et dénudées, il faut que des travaux
exécutés sur un plan général régularisent et consolident le lit
du fleuve. Par ces travaux, le fleuve présentera toujours à la
navigation une masse d'eau suffisante. Les terrains vagues
conquis sur le fleuve deviendront fertiles ; ils indemniseront
bien l'agriculture des récoltes incertaines péniblement obtenues
sur les pentes des montagnes dont la terre végétale est ap-
pauvrie et diminuée après chaque orage. Pour tout ce qui est
relatif à ces travaux, supportés en partie par l'état et en partie
par les propriétaires riverains, je ne saurais mieux faire que
de renvoyer à l'excellent mémoire publié dernièrement sur ce
sujet : Essai sur l'encaissement du Rhône, par Dumont, ingé-
nieur des ponts et chaussées, 1842.
   Il me paraît bien démontré d'après ces données qu'il dé-
pend de nous de tirer un meilleur parti de notre fleuve et
pour la navigation et pour l'agriculture.
   Jusqu'à présent nous avons entièrement négligé le cours du

  ( i ) On peut vérifier ces faits à chaque pas dans le département des Hautes-
Alpes, le département le plus dévasté par les torrents, dont le nombre aug-
mente en raison directe du déboisement.